La forte inflation en Tchéquie provoque une hausse du recours à l’aide alimentaire
La République tchèque fait partie des pays de l’Union européenne où l’inflation alimentaire a été l’une des plus élevées en 2022. Avec la baisse de leur pouvoir d’achat, les Tchèques aux plus faibles revenus sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les banques alimentaires.
Eurostat, l’office statistique de l’UE, confimait jeudi que la croissance des prix en Tchéquie accélérait de nouveau. Avec un taux d’inflation à19,1 %, la Tchéquie présente même le troisième taux le plus élevé parmi les Vingt-Sept, derrière la Hongrie (26,2 %) et la Lettonie (21,4 %). Le résultat est sans appel : en un an, le prix des courses des ménages tchèques s’est envolé. Une période difficile, en particulier pour les personnes qui se trouvaient déjà dans une situation de précarité.
Les chaînes de grands magasins tchèques sont légalement tenues d’effectuer des dons de produits alimentaires. Veronika Láchová est la directrice générale de la Fédération tchèque des banques alimentaires. L’organisation, qui regroupe quinze banques alimentaires réparties dans les quatorze régions du pays, distribue aux ONG des denrées qui, pour plus de 80 % d’entre elles, proviennent de ces grandes enseignes. Elle remarque une nette augmentation du nombre de personnes ayant recours à cette aide :
« D’environ 200 000 bénéficiaires en 2021, nous sommes passés à 300 000 en 2022, et ce chiffre ne comprend pas les réfugiés ukrainiens. La demande a donc augmenté de plus de 30 %. »
Veronika Láchová a également noté une évolution du profil des personnes dans le besoin :
« Nous constatons qu’il y davantage de personnes âgées et de familles avec des enfants. L’année dernière, la part de ces deux groupes a considérablement augmenté. »
Si la hausse des prix à la consommation en Tchéquie a légèrement ralenti en début d’année, passant de 17,5 % en janvier à 16,7 % en février, les prix de certains produits tels que le sucre, les œufs ou encore les fruits et légumes ont littéralement explosé en l’espace de quelques mois.
« Les aliments prêts-à-consommer sont toujours ceux dont nous avons le plus besoin. Les ‘meilleurs’ produits à distribuer sont donc les boîtes de conserve, mais aussi tout ce qui ne périt pas comme les pâtes ou le riz. Ces aliments sont très demandés et nous n’en avons jamais assez. »
Malgré une situation économique difficile, la directrice constate que les dons ne faiblissent pas. Au contraire, ils augmentent au fil des ans.
« En République tchèque, deux grandes collectes nationales sont généralement organisées chaque année, au printemps et à l’automne. Et, chaque année, nous constatons que la quantité de nourriture que nous obtenons de ces collectes alimentaires augmente. »
Des collectes fructueuses donc, auxquelles s’ajoute le contexte particulier de la guerre en Ukraine. Le conflit a eu pour conséquence une arrivée massive en Tchéquie de réfugiés qui, pour beaucoup, ont particulièrement besoin de l’aide des banques alimentaires.
« En 2022, c’était spécial. Nous avons reçu beaucoup de dons liés à la guerre en Ukraine. Il y a énormément de réfugiés dans notre pays et les Tchèques font preuve d’une grande solidarité et générosité. Il ne s’agit pas seulement de dons alimentaires, mais aussi de tous les autres produits de première nécessité. »
Malgré de nombreux dons, les banques alimentaires ont toujours besoin du soutien de la population et des grandes chaînes de magasins. Veronika Láchová rappelle que la collecte du printemps aura lieu le 22 avril prochain.