Les banques alimentaires tchèques espèrent refaire leurs stocks grâce à une collecte nationale
Depuis quelques semaines, les quinze banques alimentaires qui existent en République tchèque font face à une demande inédite : avec le reconfinement partiel dû à la deuxième vague de l’épidémie de coronavirus, le nombre de personnes bénéficiant de leur aide a augmenté de 40%.
Dans toutes les régions tchèques se trouvent un ou plusieurs entrepôts des banques alimentaires. Celles-ci n’accueillent pas directement les personnes dans le besoin, mais collaborent avec quelque 800 organisations, communes et fournisseurs de services sociaux. A charge ensuite pour eux de redistribuer l’aide alimentaire parmi plus de 120 000 sans-abris, personnes âgées, enfants dans des centres d’accueil ou encore familles en situation de précarité.
Bien que soutenues par le ministère de l’Agriculture et approvisionnées par les enseignes de grande distribution, les banques alimentaires sont aujourd’hui à court de stocks. Directrice de la Fédération tchèque des banques alimentaires, Veronika Láchová explique pourquoi :
« Au premier semestre, la situation n’était pas encore préoccupante, nous n’avons pas constaté de véritable augmentation de la demande, et ce malgré l’annulation de la collecte nationale alimentaire de printemps à cause de l’état d’urgence. »
« Tout a changé après les vacances d’été, où les impacts de la crise du coronavirus sont devenus palpables, avec des licenciements, la fin de la période de préavis pour de nombreux employés, avec aussi la nouvelle fermeture des écoles. »
« Par conséquent, le nombre de gens demandant de l’aide pour se procurer des vivres de base a augmenté de manière significative au début de l’automne et ne cesse de croître depuis. Le nombre de bénéficiaires d’aide alimentaire a augmenté de plus de 40% depuis fin août. Dans certaines régions, le chiffre a même doublé. »
Depuis 2018, la loi oblige les chaînes de grande distribution en République tchèque à mettre leurs invendus à disposition des banques alimentaires, au lieu de les jeter. Mais selon Veronika Láchová, ces livraisons qui représentent 75% des approvisionnements des banques alimentaires locales, ne suffisent plus :
« Les grandes surfaces nous livrent des aliments périssables comme des produits boulangers, des fruits et légumes ou des produits laitiers qui approchent de leur date de péremption. Mais il ne s’agit pas de denrées de première nécessité. Elles n’ont pas une valeur nutritive suffisante et ne permettent pas de cuisiner un vrai repas. Ce dont nous avons le plus besoin, ce sont les denrées alimentaires non périssables. Leurs stocks ont été complètement épuisés dans toute la République tchèque. »
Pâtes, riz, conserves, packs de lait, céréales, soupes instantanées ou aliments pour enfants : tous ces produits sont généralement récoltés lors des collectes nationales.
Lancées en Tchéquie deux fois par an, au printemps et à l’automne, elles permettent à chaque fois de remplir les stocks des banques alimentaires de 300 à 400 tonnes de produits essentiels. L’édition du printemps dernier ayant été annulée à cause de la crise sanitaire, les banques alimentaires ont fait tout leur possible pour organiser celle de cet automne. La collecte aura bel et bien lieu, le 21 novembre, en format réduit à cause de la pandémie, comme l’explique Veronika Láchová :
« Même dans les grandes surfaces, nous aurons des équipes composées de deux bénévoles au maximum. Alors que normalement, l’opération mobilise 4 000 bénévoles à travers la République tchèque, cette fois ils ne seront que 600. Heureusement, la collecte ne se limitera pas à une seule journée : à compter du 16 novembre et jusque début décembre, les gens pourront également faire don de produits achetés en ligne. »
« Je dois dire que beaucoup de Tchèques se sont montrés solidaires face à cette situation inédite que représente la rupture de stocks des banques alimentaires : certains supermarchés nous ont déjà signalé qu’ils allaient poursuivre eux-mêmes la collecte au-delà du 21 novembre et sans l’aide de nos bénévoles. Parallèlement, nous avons reçu de nombreux dons de denrées, mais ces dons se limitent hélas à la capitale et à la région pragoise. »
Les banques alimentaires tchèques acceptent également les dons financiers. Plus de détails sur le site : http://potravinovebanky.cz/.