La littérature érotique, grande absente des rayons des libraires tchèques
A la foire « Le Monde du Livre » qui s’est achevée dimanche dernier s’est déroulée une conférence consacrée à la littérature érotique et libertine française. Elle était présentée par le critique littéraire Aleš Knapp, particulièrement remonté contre ceux qui confondent pornographie et érotisme. Cette littérature trouve ses racines en France, et le français est riche en vocabulaire érotique. Radio Prague a donc tout naturellement demandé à Aleš Knapp si le tchèque se prêtait au langage érotique, s’il était possible de traduire fidèlement.
Quels sont les auteurs tchèques qui ont écrit des textes érotiques importants ?
« Il y en a eu beaucoup, surtout dans l’entre-deux-guerres : des surréalistes et des poètes. Ils ont beaucoup pris de la littérature française. Mais il y a quand même une grande différence : la littérature libertine est plutôt orientée contre la morale, contre la religion ou contre la politique, contre les valeurs. Tandis que la littérature érotique tchèque, c’est plutôt un jeu, il n’y a pas de valeurs philosophiques. Donc les littératures libertines tchèque et française ne sont pas comparables. »
Vous avez parlé de Milan Kundera, est-ce que vous le considérez comme un auteur libertin ?
« Dans son roman ‘La lenteur’, Milan Kundera traite d’un ouvrage de Vivant Denon et parle du roman libertin. En ce sens là c’est un roman libertin. »
Vous voulez dire par la mise en abîme ?
« Oui, c’est cela. Et sinon, peut-être les Risibles amours… Ce sont des nouvelles libertines. Mais on ne peut pas dire de manière générale que Milan Kundera soit un auteur libertin. Mais la tradition française, elle est là. »
Et dans les auteurs tchèques contemporains, pouvez-vous en distinguer certains qui s’inspirent de la tradition libertine ?
« Je crois qu’il y a beaucoup d’auteurs qui croient être libertins et qui croient qu’ils écrivent de la littérature libertine. C’est plutôt sur le sexe. »
En France, en librairies, il y a aujourd’hui – ce n’était pas le cas il y a quelques années – un rayon littérature érotique important, une littérature écrite notamment pas les femmes. Quand on va dans les librairies tchèques, il n’y a pas de rayon érotique. Comment cela se fait-il ?
« C’est un pays pudique. J’ai proposé plusieurs fois de faire des rayons de littérature érotique, mais ça ne marche pas. Les libraires ne veulent pas. »
Pourtant ce serait vendeur. On dit que le sexe ça fait vendre…
« Oui, je crois que la littérature érotique et libertine, il y aurait pleins de gens prêts à acheter. C’est peut-être une question de politique. »