La musique : l'une des sources du « smog acoustique »

La musique marque le psychisme de l'homme, plus profondément que la parole ou d'autres sons. Ses effets sont loin d'être forcément positifs. Voilà un constat sur lequel se mettent d'accord les psychologues. Pourtant, en Tchéquie, comme ailleurs, la musique est devenue omniprésente. Elle hurle, pour citer Milan Kundera et son roman « L'Ignorance », « dans les haut-parleurs, dans les voitures, dans les restaurants, dans les ascenseurs, dans les rues, dans les salles d'attente, dans les salles de gymnastique, dans les oreilles bouchées de walkman »... « La musique est devenue un bruit, un simple bruit parmi des bruits ».

Les médias tchèques commencent à refléter, timidement, ce phénomène de société en parlant du « smog acoustique » provoqué par la musique. La dernière édition de l'hebdomadaire « Tyden » rappelle que c'est dans les années 80 et 90, aux Etats-Unis, au Canada et en Europe occidentale, que l'on a commencé à parler du bruit écologique et de l'écologie musicale. Ce fut une réaction au fait que, durant les dernières décennies, le milieu acoustique « naturel » a changé de fond en comble.

En Tchéquie, il est presque impossible de trouver un restaurant sans une musique « d'ambiance » qui, d'ailleurs, est souvent diffusée très fort. L'argument du personnel est laconique et toujours le même : les clients le demandent ainsi. Ceux qui ne sont pas d'accord, n'ont pratiquement pas de chance de s'imposer. Il existe, pourtant, des exceptions. Sylvio Spohr, du Café Louvre de Prague, très en vogue, explique sur les pages de Tyden :

« Dans un café, ce n'est pas la musique qui compte. L'important est la communication entre les gens que rien ne doit perturber. »

Dans le même magazine, le critique de musique, Jiri Cerny, soutient l'idée d'une formation en faveur du silence. Et d'ajouter :

« La musique se présente, aujourd'hui, comme un flot qui n'a pas de fin. Ceci a pour conséquence que nous ne sommes plus capables de percevoir la musique et de la savourer. Pour moi, il s'agit d'un crime esthétique ».