La retraite se rapproche pour quelques centaines de mineurs
La liste des mineurs à pouvoir profiter d’une retraite anticipée va être élargie. C’est ce qu’a décidé le gouvernement ce mercredi sur la base des difficultés que rencontre le secteur et par volonté de s’aligner sur les régimes spéciaux de retraite en vigueur dans les pays voisins. Ce geste ne concerne toutefois que quelques centaines de mineurs. Les syndicats le saluent mais plaident pour qu’il soit étendu.
Voilà ce qu’expliquait pour la Télévision tchèque Petr Szimsza, qui est lui-même mineur. Son constat est confirmé par les statistiques puisqu’en République tchèque, l’espérance de vie des mineurs est inférieure de près de six ans à la moyenne nationale. Pour l’heure, la majorité des salariés de l’industrie minière partent pourtant à la retraite au même âge que les autres. Après moult débats, le gouvernement a donc décidé d’ouvrir à davantage de mineurs le droit à une retraite anticipée. Cette mesure a notamment été défendue par la ministre du Travail et des Affaires sociales Michaela Marksová :
« Nous avons présenté un décret gouvernemental, selon lequel tous les mineurs qui ont commencé à travailler avant 1993 et qui peuvent justifier du nombre requis d’années de service, pourront partir à la retraite cinq années plus tôt. En tout, cela représente environ 350 personnes, et ce jusqu’à l’horizon 2030. Donc je considère que cela est vraiment supportable. Ce nombre de personnes est très faible et il est clair que les mineurs le méritent. »Jusqu’à présent, seuls les mineurs pouvant justifier du nombre d’années requis avant la fin de l’année 2008 bénéficiaient d’une retraite anticipée. Les syndicats de mineurs se disent satisfaits du changement mais entendent continuer à lutter pour que les mineurs ayant commencé à travailler avant 1993 soient tous concernés.
Michaela Marksová serait prête à leur donner satisfaction sur ce point mais elle fait face à l’opposition du ministère des Finances, où l’on invoque des chiffres contradictoires sur le coût de cette mesure et l’idée que la société OKD, le principal producteur de charbon en République tchèque, devrait contribuer davantage à la retraite de ses employés. Le président de l’Union syndicale des mineurs, Jan Sábel estime qu’il s’agit avant tout de se mettre au niveau des autres pays européens :
« Si nous étions en Pologne, la retraite arriverait à l’âge de 43 ans après 25 années de carrière. C’est la même chose en Roumanie. L’âge de la retraite est à 55 ans en Slovaquie, à 50 ans en Allemagne. Nous sommes une curiosité en Europe. »Cet argument, que le ministère du Travail dit entendre, n’est sans doute pas le principal. Michaela Marksová parle ainsi de la situation difficile sur le marché du charbon, matière première dont le coût est actuellement très bas. Aussi la société OKD, pourtant longtemps bénéficiaire, connaît une période difficile et a mis en place un plan de licenciement, dont vont faire les frais 1600 employés rien que pour cette année. Or l’Etat a déjà décidé d’accompagner l’entreprise avec un programme de soutien de plusieurs centaines de millions de couronnes.
Est-ce à dire que l’industrie minière est vouée à une mort aussi lente que certaine en République tchèque ? Probablement pas si l’on en croît le chef de l’Etat Miloš Zeman, qui s’est fendu d’un beau plaidoyer pour les industries minière et nucléaire lors de sa visite dans la région de Liberec, à Stráž pod Ralskem, un territoire où 370 millions de m3 d’eaux souterraines ont pourtant été contaminées du fait de l’exploitation d’uranium :
« Je suis évidemment en faveur de l’exploitation des réserves d’uranium, de la même façon que je suis pour que nous continuions à développer nos centrales nucléaires. »Actuellement, une seule mine d’uranium reste encore en activité en République tchèque, elle est située à Rožnám dans la région de Vysočina. Les exploitations de charbon se concentrent elles au nord de la Bohême et dans la région de Moravie-Silésie, où opère la société OKD.