La salsa : une danse qui séduit à Prague

Photo: Club La Macumba

Depuis plusieurs années maintenant, la salsa, danse d’origine cubaine, se pratique dans le monde entier. A Prague aussi. Venus d’un pays « ami » dans la Tchécoslovaquie communistes, des Cubains ont fait connaître ici les mouvements et les rythmes caractéristiques de cette danse qui attire toujours les locaux et les expats à Prague. 

Mandy Valdes est Cubain, il est arrivé à Prague en 1981. Il travaillait alors dans une usine, et n’a commencé à enseigner la salsa qu’en 1991 après la révolution de Velours. Il est un des premiers professeurs de salsa du pays. Il dirige également le club ‘Macumba’ avec Robert Šmítek et il nous a raconté l’évolution de la pratique à Prague.

Mandy Valdes,  photo: Club La Macumba

« Au début c’était compliqué car les Tchèques ne connaissaient rien à cette danse, contrairement aux pays du bloc de l’Ouest comme l’Allemagne, l’Italie, la France, ou les Etats-Unis qui savaient ce qu’était la salsa. Mais par la suite il y a eu un boom. A l’époque personne n’enseignait la Bachata (une danse dominicaine inspiré du boléro cubain) ou la Kizomba (une danse angolaise), il n’y en avait que pour la salsa et le merengue, une danse dominicaine. D‘autres professeurs cubains ont commencé à enseigner et la communauté s’est agrandie. Les élèves à qui on avait appris ont ouvert leurs écoles et ils ont enseigné la Bachata et la Kizomba. »

A Cuba, la salsa danse s’appelle en réalité ‘casino’ et ce sont surtout les habitants des quartiers les plus défavorisés qui la pratiquent. Ils ne vont pas dans des écoles de danse mais l’apprennent petits, en regardant les autres.

Pas besoin d’être cubain pour la danser : à Prague, on peut apprendre les pas notamment avec José, Mexicain, et Roza, Azerbaidjanaise, tous les deux tombés amoureux de la salsa :

« Je trouve que la salsa est une danse très spontanée. Dès que tu saisis le rythme et la logique, tu peux faire tout ce que tu veux. Et cela permet de rencontrer pleins de gens différents. Je pense que 99% des gens que je connais, je les ai rencontrés grâce à la salsa. Ça m’a permis de rencontrer des gens partout dans le monde. »

« Ce que j’aime avec la salsa et que je ne retrouve pas avec les autres danses, c’est que c’est très ouvert, tu n’as besoin d’avoir une chorégraphie, c’est de l’improvisation. Avec la salsa, on suit ses émotions, et on s’exprime à travers elle. Même si le garçon dirige et la fille suit, tu peux improviser tes pas. »

Selon eux, il est très difficile d’arrêter une fois que l’on a commencé, d’où le nom de ‘Salsaholics’ pour leur école de danse.

José : « En tant qu’étrangers, on s’est retrouvé à Prague dans un environnement complétement inconnu, surtout pour moi qui ne parle pas la langue. Mais les rares endroits où je me suis senti chez moi étaient les clubs de salsa. La seule chose que j’ai en commun avec le public présent, est que lorsque nous entendons une chanson, automatiquement nous voulons danser. Nous n’avons pas besoin de parler la même langue, la danse est notre langage. Et c’est pourquoi j’ai voulu partager cela. »

Bien qu’appréciée par des gens aux horizons différents, la salsa puise ses racines dans la culture afro-cubaine. José explique que tout a commencé avec la clave (un rythme joué avec l'instrument de percussion qu'on appelle les claves), qui a ensuite était mélangé à d’autres rythmes. Aujourd’hui, la salsa est variée.

« Il y a plusieurs variantes aujourd’hui, il y a la salsa de Los Angeles, la Salsa cubaine, portoricaine, colombienne. Mais elles prennent toutes racines sur Cuba, de la religion des Yoruba, qui est la Santeria (religion pratiquée par les descendants d'africains déportés en esclavage aux Antilles et en Amérique du Sud). De plus, le mot ‘salsa’ veut dire sauce, et la Salsa est bien un mélange de plusieurs styles. »

Bien que ne faisant pas partie de la culture européenne, la salsa a conquis de plus en plus de monde à travers le monde, notamment en Europe.

« Il y a beaucoup de compétiteurs dans la communauté de la salsa à Prague, les Tchèques sont doués, comme dans d’autres anciens pays communistes d’ailleurs. Par exemple, j’ai regardé la compétition européenne de salsa qui a eu lieu en Serbie en 2018  et ils sont exceptionnels. Leur niveau est impressionnant, j’avais l’impression de voir des danseurs mexicains. »

La compétition est d’ailleurs présente entre les différents enseignants à Prague, qui selon Mandy Valdes, ont peur de perdre leurs élèves à cause de la concurrence. Toutefois, il déclare que ‘la salsa unit plus qu’elle ne divise’.

« Ici il y a des gens de tous les pays, c’est un mélange incroyable. Et ça n’a aucune importance que tu sois ingénieur ou que tu fasses le ménage. Lorsqu’on danse, nous sommes seulement des ‘Salseros’. »

Hélas, comme pour les autres activités culturelles, les compétitions de salsa ont été annulées ces derniers temps à Prague et les élèves sont beaucoup moins nombreux en ce moment à cause de la pandémie.