La vieille mendiante
Déplaçons-nous vers la ville de Kadan, située dans le nord-ouest de la Bohême. Le château de Hasistejn s'élevait jadis à sa proximité. L'apogée de la gloire du château date de l'époque de Bohuslav Hasistejnsky, comte de Lobkowitz, poète et l'humaniste tchèque le plus célèbre, au tournant du 15ème siècle.
Déplaçons-nous vers la ville de Kadan, située dans le nord-ouest de la Bohême. Le château de Hasistejn s'élevait jadis à sa proximité. L'apogée de la gloire du château date de l'époque de Bohuslav Hasistejnsky, comte de Lobkowitz, poète et l'humaniste tchèque le plus célèbre, au tournant du 15ème siècle. Pendant les guerres suédoises, le château fut pillé et partiquement ravagé par le feu. Personne ne se chargea de sa reconstruction. Le château de Hasistejn fut abandonné pour tomber, petit à petit, en ruine. Chaque année, la nuit du Jeudi au Vendredi saint, les ruines disparaissaient. Le matin, le château apparaissait tel qu'il était jadis, une belle musique émanait de l'intérieur de la demeure seigneuriale. Les gens avaient trop peur de s'approcher. On ne savait donc pas ce qui se passait au juste à Hasistejn. Le bruit commença à courir que le château était enchanté.
Dans la ville de Kadan vivait une vieille mendiante. Elle aurait bien pu travailler, mais elle était trop paresseuse et estimait que la mendicité était un moyen beaucoup plus simple de gagner sa vie. Un soir, elle entendit un vieux clochard raconter que toute personne qui venait le Vendredi saint, à midi, au château de Hasistejn, pouvait manger au choix, en quantité à désirer et même obtenir quelque pièces d'argent. C'était justement la veille du Vendredi saint. La vieille mendiante n'hésita pas et, le matin, s'en alla au château de Hasistejn. A l'arrivée, la femme était déçue. Elle se trouvait au milieu des ruines désertes, baignées par un agréable soleil printanier. Fatiguée par la route, la mendiante s'assit sur une pierre et s'endormit. Réveillée par des bruits, elle ouvrit les yeux et resta bouche bée. Elle se trouvait dans la cour du château de Hasistejn qui avait son aspect d'origine. Tout autour il y avait beaucop de monde. De belles dames se promenaient au bras d'élégants seigneurs, une jeune fille jouait de la harpe, des serviteurs couraient de gauche à droite. La vieille mendiante entendit de la musique. Intriguée, elle suivit le son jusqu'à l'intérieur du château et s'égara dans les interminables couloirs qui la menèrent jusqu'à la cave. Elle aperçut un vieux bonhomme assis à côté d'un coffre ouvert, remplit de pièces d'or. " Viens, prends ! " lui dit l'homme. La mendiante tendait déjà la main pour prendre quelques pièces, mais, à ce moment, elle sentit un agréable fumet de rôti. "Tiens, je ferais peut-être mieux de prendre un morceau de viande. L'argent peut attendre. "
La gourmande se leva et suivit l'agréable odeur. Elle arriva vers la cuisine du château. Un valet passait juste à côté, porteur d'un plateau chargé d'un fabuleux civet. " Donne-moi un petit morceau, je n'ai rien mangé depuis une semaine !", s'écria le vieille mendiante. "Si tu dis vrai, prends volontier le civet entier ", répondit le valet. "Mais bien sûr que je dis la vérité ", rétorqua la mendiante habituée à mentir ". A peine la phrase finie, un coup de tonerre ébranla le château et la mendiante perdit connaissance. Elle se réveilla dans les ruines du château de Hasistejn. Dans la main, la vieille mendiante serrait une vulgaire pierre, à la place du civet. Rapidement, la vieille femme courut à la cave. Hélas, le coffre rempli de pièces d'or avait également disparu. Partout, il n'y avait que des pierres!
Moralités : Tout vouloir, mène à rien avoir!