L’Académie de musique franco-tchèque de Telč en difficulté financière
L’Académie de musique franco-tchèque de Telč a une longue histoire derrière elle. Créée en 1995, elle propose le temps d’un stage d’été des cours magistraux d'interprétation et de musique de chambre à des élèves des conservatoires et des grandes écoles de musique françaises, tchèques mais aussi européennes. Tous sont suivis par de grands professeurs français et tchèques. Mais la 18e édition de l’Académie est menacée, faute de financements suffisants. Zuzana Šmídová, sa directrice, a expliqué à Radio Prague les problèmes auxquels elle faisait face :
« Il est vrai que nous nous trouvons face à de véritables difficultés financières. Ce n’est pas seulement cette année. Dans les années précédentes, la crise a commencé et elle culmine sans doute cette année, ce qui nous met en difficulté. Il est vrai que nous vivons des dotations de l’Etat et des dons de nos sponsors, mais ils sont aussi obligés de diminuer leurs dépenses. Le problème touche l’Académie où nous sponsors ont diminué leurs dépenses. Quelques sponsors nous ont même quittés. »
Comment envisagez-vous alors l’édition de cette année ?
« On cherche d’autres solutions. Je suis partie en Champagne-Ardenne, la région partenaire de la région de la Vysočina où se trouve Telč. La ville reçoit chaque année une dotation de cette région. Nous aimerions entamer et élargir la collaboration avec la Champagne-Ardenne du point de vue de la musique. Peut-être nous trouverons une solution là-bas en approfondissant la collaboration entre les deux régions. »
Et pour les élèves de l’Académie, notamment ceux qui reviennent régulièrement, sa tenue est primordiale. Nombre d’entre eux y reviennent plusieurs années de suite. C’est le cas notamment de Samuel Bricault, flûtiste :« La première fois que j’ai fait l’Académie, c’était il y a trois ans. Je ne suis plus sûr de la manière dont je l’ai découvert. Je crois que c’est ma professeure de flûte qui m’en avait parlé parce que Catherine Cantin, une de ses collègues,, y enseignait. Ensuite, je l’ai fait parce que c’était le moins cher, d’autre part, je ne connaissais pas du tout Catherine Cantin, sauf de réputation. Et puis c’était à l’étranger, ça me disait de découvrir tout cela. »
Vous êtes revenu plusieurs fois. Pourquoi ?
« J’y suis allé trois fois car avec Catherine Cantin, ça a été une rencontre incroyable. Au niveau de la flûte, ça m’a fait faire des progrès comme rarement j’en ai fait. Ensuite, ce stage est très particulier. J’avais fait une école d’été dans le Lot que j’avais adorée, avec une ambiance de petit village, où tout le monde se connaît, chose que je n’ai jamais retrouvée par la suite où les stages ressemblaient plus au travail en usine. A Telč, j’ai retrouvé cette ambiance de petit village ! »
Cette académie se déroule en République tchèque, réputée pour être une nation de musiciens. La tradition musicale du pays a-t-elle une influence sur la manière dont se déroule l’Académie ?
« Un peu oui. Je n’aime pas les généralités, mais c’est vrai que les Tchèques jouent de manière différente. Quand on les entend jouer, on voit qu’ils sont tous musicalement investis, même si parfois techniquement, ils ont parfois un niveau un peu moindre. Mais musicalement, ils ont un véritable engagement et une puissance… On sent que cet aspect est plus important que pour nous. Il y a des choses qui m’ont beaucoup plu et surpris : une année, je ne sais plus laquelle, un quatuor à cordes a décidé de s’installer sur la place de Telč pour y jouer le Quatuor à cordes américain de Dvorak, juste pour se faire plaisir et faire plaisir aux gens. C’était complètement naturel. C’est quelque chose que les Français feraient moins je pense. »Allez-vous revenir cette année ?
« J’en ai très envie. Mais on verra de quoi l’été sera fait. »
Rendez-vous dans Culture sans frontières, samedi, pour mieux découvrir l'Académie de musique franco-tchèque de Telč.