L’ancien mausolée de Vítkov bientôt ouvert au public

C’est un étrange bâtiment rectangulaire en béton, précédé d’une monumentale statue équestre qui domine une des nombreuses collines de Prague. Cet édifice, c’est l’ancien mausolée dédié au dernier repos des chefs d’Etat tchèques, cette statue c’est celle de Jan Žizka, le guerrier hussite devenu un des héros nationaux des Tchèques. Et cet ancien mausolée ouvre ses portes au public à partir de la fin octobre.

Vitkov
Si, à première vue et pour l’œil non averti, le monument sur la colline du quartier de Žižkov a l’air d’un édifice digne du style communiste, il n’en est rien. Prévu à l’origine pour être un panthéon à la mémoire des légionnaires tchécoslovaques qui avaient combattu pour la Tchécoslovaquie pendant la Première Guerre mondiale, le projet de construction a été lancé en 1928 sous T.G. Masaryk et le gros des travaux achevé en 1932. L’aspect monumental du bâtiment répondait à ce qui semblait être un certain air du temps, que l’on pense au Palais de Chaillot à Paris, mais aussi aux imposantes bâtisses construites sous l’Allemagne nazie. Les communistes, arrivés au pouvoir en 1948, y trouveront d’ailleurs leur compte, puisqu’ils feront du monument sur la colline de Vítkov un mausolée pour les dirigeants défunts. Après 1989, le monument sera le lieu de happenings, concerts ou événements culturels alternatifs, un premier pas pour réinventer l’identité de ce site marqué par l’histoire et l’idéologie.

Aujourd’hui, c’est une institution qui a repris le flambeau et entend transformer le monument. Lancés en 2006 par le Musée national, les travaux de restauration du mausolée sont en train de s’achever et une exposition temporaire est prévue pour son ouverture fin octobre. Michal Lukeš est le directeur du Musée national :

Michal Lukeš
« L’exposition a été conçue dans un espace très atypique, dans l’espace de l’ancienne chambre funéraire et dans le lieu où la momie de Klement Gottwald était entretenue. Tout était en ruines dans ce bâtiment. Rien ne fonctionnait, pas même l’électricité. Outre les réparations purement techniques, nous avons mené de difficiles travaux de restauration. »

Le monument sera donc ouvert au public à partir de la fin octobre. Pour l’heure il s’agit d’un projet pilote pendant lequel les visiteurs pourront découvrir cette exposition consacrée aux grands tournants de l’histoire tchécoslovaque pendant le XXe siècle.

Si le monument domine la ville, il est indisociable de l’immense statue équestre représentant le guerrier hussite Jan Žižka. Il l’est d’autant moins quand on observe les portes historiées du monument, où se mêlent allègrement scènes de l’histoire hussite inscrites dans une fausse continuité historique avec l’avènement du régime communiste. En tout cas, la statue, elle, détient un record, celle d’être la plus grande statue équestre – en bronze – au monde. Elle détiendra sans doute bientôt un autre record : celui de la dépense la plus inapropriée en ces temps de crise, puisque sa restauration devrait coûter à l’Etat la bagatelle de 25 millions de couronnes (environ un million d’euros). Un projet qui fait grincer des dents à Prague à l’heure des restrictions budgétaires dans tous les secteurs...