« L’appel de Holešov » pour la démission du gouvernement Nečas
Un mouvement de manifestation nouveau réclamant la démission du gouvernement a vu le jour. Jeudi, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans les villes du pays. A Prague, plus de 4 000 personnes se sont retrouvées sur la place Venceslas, engageant, comme il est peu coutume ici, une longue marche vers la télévision tchèque via la ‘magistrala’, l’une des principales artères de la capitale. Organisée par l’initiative citoyenne dit de « l’appel d’Holešov » du nom d’une ville morave et née à la fin de l’année 2011, cette initiative s’oppose à l’ensemble de la classe politique du pays et demande le départ de l’ensemble des responsables au pouvoir. Le politologue Michel Perottino décrypte l’origine et le sens à donner au mouvement de « l’Appel de Holešov ».
« C’est un mouvement qui part d’un appel, ‘l’appel de Holešov’, et qui est difficile à expliquer à partir du moment où nous n’avons pas la composition exacte des personnes qui ont signé l’appel ou qui sont porteurs du mouvement. En réalité, il s’agit d’un mouvement très populiste. C’est un appel contre le gouvernement, contre le président de la République, contre les politiciens en général, contre les étrangers accusés de contrôler le pays, contre l’Union européenne ; un ensemble de choses qui ont une dimension très fortement populiste. »
Est-ce que cela vous rappelle un autre mouvement en République tchèque ou dans d’autres pays d’Europe ces vingt dernières années ?
« En République tchèque pas vraiment, même s’il y a bien eu plusieurs manifestations ces vingt dernières années, comme ProAlt, qui a vocation à critiquer les réformes portées par le gouvernement actuel. Mais ce mouvement ‘l’appel de Holešov’ est assez nouveau. Il renvoie notamment à ce qui s’est passé en Islande et en Slovaquie ; de nouvelles formes de protestations sociales qui ne sont relayées par aucun groupe politique, aucun média et qui ont une dimension à la fois populaire et populiste. »Quel est l’élément déclencheur de ce mouvement qui est né au début de l’année ?
« Oui, ce mouvement est né à la fin de l’année 2011 et au début de l’année 2012. C’est assez difficile à déterminer, puisque l’appel en lui-même est très général. Il y a sept points différents les uns des autres : l’appel à la démission du gouvernement, à la démission du président de la République, la création d’un gouvernement de techniciens, d’un gouvernement apolitique, le référendum, l’élection au suffrage direct du président de la République, l’arrêt des restitutions aux Eglises, l’arrêt des réformes, mais aussi le rejet d’ACTA par exemple ; ce qui n’est pas très classique. »Peut-on le rapprocher du mouvement ‘merci, mais partez !’, qui était une initiative citoyenne et apolitique qui s’opposait à la classe politique dans son ensemble et aux politiques du gouvernement à ce moment-là ?
« Les principales différences sont que ‘Merci, mais partez !’ était, à l’époque, plutôt ‘prago-centré’. Cet ‘Appel de Holešov’, et tout le mouvement qui s’est agrégé sur cet appel, est plus morave et moins urbain.