Manifestation contre la politique du gouvernement

Photo: Barbora Kmentová

Samedi 21 avril, le centre de Prague a été investi par une centaine de milliers de manifestants venus de toute la République tchèque pour exprimer leur désaccord avec la politique du gouvernement. La foule composée, entre autres, de membres de syndicats et d’associations civiques et professionnelles, de retraités et de handicapés a presque rempli la place Venceslas et scandé plusieurs revendications. Parmi celles-ci : la suspension des réformes préparées par le cabinet Petr Nečas, la démission du gouvernement et les élections anticipées.

Photo: Barbora Kmentová
Les estimations sur le nombre de manifestants divergent. Selon la police, ils ont été 90 000 tandis que les syndicats qui ont organisé la manifestation estiment que leur action a attiré sur la place Venceslas jusqu’à 150 000 personnes. Le chef de la Confédération tchéco-morave des unions syndicales Jaroslav Zavadil n’a pas caché sa satisfaction :

Jaroslav Zavadil,  photo: CTK
« Je suis content que les estimations soient maintenant plus près de la réalité et qu’on admette que le nombre de manifestants a atteint 100 000. C’était une agréable surprise pour moi. En ce qui concerne les objectifs que nous avons formulés lors de la manifestation y compris la démission du gouvernement, ils restent les mêmes »

Bien que les syndicats admettent que les réformes sont nécessaires, ils reprochent au gouvernement leur caractère antisocial et l’absence des mesures nécessaires pour encourager la croissance économique. Ils refusent également de tolérer la passivité du cabinet vis-à-vis de la corruption. Cette attitude des syndicats est plus au moins partagée par le Parti social-démocrate, formation principale de l’opposition. Son chef Bohuslav Sobotka a déclaré :

Bohuslav Sobotka,  photo: CTK/TO ČSSD
« Les soi-disant réformes gouvernementales aggravent encore les différences sociales dans notre pays et font monter la tension dans la société. Derrière ces réformes ne se cache souvent que la course aux profits et la privatisation tout azimut de ce qui reste de l’Etat et du secteur public. »

Face à cette explosion du mécontentement populaire le premier ministre Petr Nečas a gardé le sang froid :

« Nous sommes libres, nous vivons dans un pays libre et nous avons le droit d’exprimer nos opinions y compris notre désaccord avec la politique du gouvernement. Si cela reste dans les limites de la loi, je n’y vois rien de négatif ou d’incompatible avec notre système politique. Cela arrive partout et c’est une chose naturelle. »

Cependant, toujours selon Petr Nečas, les manifestations ne changeront pas la politique d’austérité du gouvernement. Ses paroles ont été confirmées par le ministre des Finances, Miroslav Kalousek, qui refuse lui aussi de renoncer aux réformes restrictives :

Photo: Barbora Kmentová
« Je suis profondément convaincu que c’est le chemin menant vers la stabilité et la prospérité. Si nous décidons de ne pas faire ces réformes, et il se peut que le gouvernement démissionne dans quelques jours, il faut que nous disions aussi quelles sont nos alternatives. »

Et le ministre de souligner que la République tchèque ne peut pas éviter ces réformes. Selon lui, le pays est obligé de faire des économies parce qu’il doit réagir au ralentissement de la croissance économique et aux nouvelles dépenses dues, notamment au vieillissement de la population.

Photo: Barbora Kmentová
La situation du cabinet est d’autant plus difficile qu’il affronte depuis quelques semaines une crise permanente qui aboutira vendredi, 27 avril, à la dissolution de la coalition gouvernementale. L’avenir du gouvernement est donc incertain en raison du refus du premier ministre de prolonger l’existence d’un cabinet qui ne disposerait pas d’une « majorité sûre » dans la Chambre des députés. Selon un sondage réalisé par l’agence Median, la démission du gouvernement est souhaitée par plus de deux tiers des Tchèques.

Les représentants des syndicats, quant à eux, se réuniront se mercredi pour se mettre d’accord sur leur stratégie pour imposer leur revendications. Ils n’excluent pas la possibilité d’organiser une grève générale.