L’artiste et opposant chinois Ai Weiwei inaugure son exposition à Prague
La Galerie nationale à Prague expose pour la toute première fois en République tchèque les œuvres du dissident et de l’artiste chinois mondialement reconnu, Ai Weiwei. Jusqu’au 31 août, le public pragois pourra découvrir douze statues en bronze représentant les signes astrologiques chinois. L’exposition est organisée dans le cadre des célébrations de 220e anniversaire de cet établissement culturel et doit être inaugurée par son auteur en personne.
Pour la toute première fois, cet artiste expose ses œuvres également en République tchèque. La Galerie Nationale à Prague l’avait contacté dès le printemps dernier, à l’époque où il était encore privé, pour des raisons politiques, du droit de quitter son pays. Directeur de la galerie, Jiří Fajt revient sur la visite qu’il lui a rendue avec le commissaire de l’exposition Adam Budák, à Pékin :
« A cette époque-là, il n’était pas encore un homme libre car il ne possédait pas son passeport et il ne pouvait pas quitter la Chine. Pendant notre visite, nous nous sommes vraiment rapprochés et nous avons réussi à le convaincre de lancer une coopération avec la Galerie nationale dans les mois à venir. »
Douze têtes d’animaux en bronze représentant les signes du zodiaque chinois, intitulées le Cercle d’animaux, sont désormais exposées jusqu’à fin août à Prague devant le Palais des foires (Veletržní palác). L’exposition sera officiellement inaugurée ce samedi dans le cadre des célébrations du 220e anniversaire de la galerie et en présence de son auteur. Pour des experts, dont par exemple la sinologue tchèque, Olga Lomová, cette exposition représente un événement unique qui élève considérablement le prestige de la Galerie nationale à Prague. Jiří Fajt explique les raisons pour lesquelles cet artiste de renommée mondiale a décidé de se rendre justement en République tchèque :« Je crois qu’Ai Weiwei a un lien fort avec l’Europe centrale et particulièrement avec la République tchèque. Comme on le sait, son père était l’un des plus grands poètes chinois du XXe siècle. Il avait une traductrice qui vivait à Pékin et qui était d’origine tchèque. Elle était très proche de toute la famille et Ai Weiwei s’en souvient beaucoup. Mais il y avait certainement plusieurs raisons. Je pense qu’Ai Weiwei décide de manière assez spontanée et selon sa propre expérience avec qui il collabore. » Tout comme les signes astrologiques européens, Le Cercle d’animaux représente différentes traits de caractère. Les statues expriment néanmoins aussi une critique de l’intervention militaire européenne en Chine au cours du XIXe siècle et sont nées comme une copie des statues conçues au XVIIIe siècle par des jésuites européens et détruites en 1860 par les armées étrangères. Exposée pour la première fois en 2011 à New York, cette œuvre est réalisée en deux variantes. La première en bronze, que l’on peut voir à Prague, est plus monumentale, l’autre en or est apte à être exposé à l’intérieur.Outre cette exposition, la Galerie nationale à Prague prépare encore un projet en coopération avec Ai Weiwei. Il est question d’une œuvre que cet artiste pourrait créer sur mesure pour cette institution tchèque. Jiří Fajt poursuit :
« C’est le projet principal dont nous avons discuté avec Ai Weiwei. Le projet de cette année n’est qu’un avant-goût. Le fait que nous avons amené son œuvre le Cercle d’animaux est seulement la première étape d’un grand projet que nous préparons pour février de l’année prochaine. »Si Ai Weiwei s’oppose à la situation en Chine, il est aussi un défenseur des droits de l’homme ailleurs dans le monde. Ces derniers temps, il critique notamment différents aspects de la crise migratoire en Europe. Ce vendredi et samedi, le public pragois pourra donc suivre également ses discussions menées sur ces thèmes. L’artiste viendra à Prague avec sa famille et y passera trois jours.