L’artiste français Fabrice Ainaut présente ses œuvres géométriques animées à Mikulov
Prague a beau être la capitale de la République tchèque et donc logiquement, « the place to be » en matière d’art et de création, en régions aussi, certaines galeries méritent le détour. A Mikulov, en Moravie du Sud, la très active galerie Závodný expose depuis 2011 de nombreux artistes de renom, tchèques ou étrangers. Jusqu’au 3 février 2019, on peut y voir les œuvres de l’artiste français Fabrice Ainaut : l’occasion de parler de son travail mais aussi de la vocation du lieu avec Petra Korlaar, de la galerie Závodný :
Comment avez-vous découvert Fabrice Ainaut ?
« La première fois où je l’ai rencontré, c’était dans le cadre d’une exposition à Bratislava. C’était un projet d’art concret, organisé par Viktor Hulík : en une journée, il y avait de multiples vernissages qui tous présentaient un artiste étranger. Il y avait des artistes français, allemands, polonais, autrichiens. C’est à l’Institut français de Bratislava que j’ai vu pour la première fois les œuvres de Fabrice. »
Qu’est-ce qui vous a interpellée dans l’œuvre de Fabrice Ainaut ?
« Plusieurs choses. D’abord des idées que je n’avais pas vues auparavant, c’est-à-dire une combinaison de l’art concret géométrique, mais avec beaucoup d’effets de lumière et de mouvement. Il y a des formes très géométriques, mais en même temps très organique car cela bouge, il y a des lumières et un petit moteur qui fait du bruit. Cette combinaison d’effets variés, c’est ce que j’ai remarqué dès le début. »
Est-ce quelque chose d’original qu’on ne trouve pas en République tchèque ?
« Tout à fait, Fabrice est un artiste vraiment original. Je ne pense pas qu’il y ait ici un artiste comme lui qui ait un important savoir-faire manuel et dont la touche finale est si précise. Ce sont des objets robotiques faits par un artiste visuel. »
Quand on voit l’installation, on se dit qu’il y a dû avoir un sacré travail de tout transporter depuis la France puis de tout mettre en place à la galerie…
« Cela s’est bien passé parce que Fabrice a lui-même imaginé comment placer les objets dans l’espace de la galerie. Chaque pièce a son endroit et de ce point de vue-là, l’installation était assez simple. Par contre en effet, rapporter ces objets de France prend du temps, c’est coûteux et ce n’est pas facile. »
Quelle est la vie d’une galerie à Mikulov ? Vous êtes loin de Prague et ce peut être plus difficile de communiquer ce qu’il s’y passe au-delà des frontières…
« Mikulov est loin de Prague, mais proche de Vienne et Bratislava. C’est très près de Brno aussi. Ces trois villes-là sont très importantes pour nous. On collabore beaucoup avec les pays voisins, mais aussi avec des pays plus lointains comme la Hollande, la France, l’Allemagne… La galerie elle-même existe depuis sept ans. Les cinq premières années, on a présenté des artistes tchèques qui n’ont pas pu s’exposer pendant le régime communiste et aussi des artistes qui ont dû quitter le pays pour pouvoir créer librement et qui ont continué leur œuvre à l’étranger. On voulait d’une certaine façon payer une dette à ces artistes, en les présentant au public tchèque qui ne les connaissait peut-être pas toujours très bien. Au bout de cinq ans, on s’est dit qu’on avait fait un gros travail dans ce sens et qu’il était peut-être temps de présenter des artistes étrangers au public tchèque et d’essayer de pousser nos artistes tchèques à l’étranger. D’où cette coopération avec des artistes comme Fabrice. »Vous essayez donc de pousser des artistes tchèques à l’étranger. Avez-vous quelques exemples ?
« Il y a par exemple Karel Zlín qui habite en France et dont on a fait une exposition. Récemment, Miloš Urbásek qui a exposé en Allemagne et avec lequel on a collaboré. Petit à petit, on arrive à faire deux ou trois expositions à l’étranger aussi ou d’y participer. Cela nous apporter beaucoup de plaisir. »