Le bizutage au Château de Prague
Un scandale secoue, ces jours-ci, le siège de la Présidence tchèque. Au sein de la Garde du Château de Prague, plusieurs cas de bizutage viennent d'être dépistés. Magdalena Segertova pour plus d'informations.
Le Château de Prague est inimaginable sans eux. Jeunes et beaux, en uniformes bleu foncé, ils ressemblent tous au petit soldat de plomb du conte d'Andersen. On les prend en photo, immobiles, comme taillés de pierre, on admire leur marche absolument synchronisée au moment de la relève. Qui aurait cru que certains d'entre eux vivent un véritable drame ? Que derrière un visage innocent et sympathique se cache, parfois, la brutalité et le cynisme?
Ces derniers jours, dix plaintes ont été portées et un officier de la Garde a été, au su du Président Havel, révoqué. Les accusés risquent de trois à huit ans de prison. L'affaire a vu le jour grâce à un jeune homme, Pavel Soffa. Le 3 juillet, il a commencé son service militaire au Château. Avec un sentiment de fierté. "Mes parent aussi étaient ravis. Ils m'ont dit : c'est magnifique de pouvoir faire partie d'une unité d'élite, d'être au Château et de garder le Président!", se souvient-il. Après quinze jour de ce service d'honneur, Pavel a déserté. La police militaire est restée bouche bée devant son témoignage choquant : les bleus sont réveillés la nuit et doivent faire le ménage jusqu'à l'aube. Le soir, c'est souvent le strip-tease obligatoire qui est au programme. Interdit de s'asseoir, de fumer, de se reposer, de parler. Obligation d'acheter aux bidasses des cigarettes, de faire des tâches absurdes jusqu'à l'épuisement physique, de se laisser battre à tort et à travers. Les officiers ? Certains sont de connivence avec les brimeurs, mais ceux qui s'occupent d'une façon exemplaire des soldats sont, paraît-il, majoritaires. Un autre paradoxe vient d'être révélé: dans la Garde, on peut facilement trouver des hommes, dont le casier est loin d'être vierge... Pavel Soffa, lui, a une autre expérience. Celui qui l'a tyrannisé le plus, n'était pas un criminel, mais un garçon qui s'est, tout simplement, vengé. En tant que bleu, il avait lui même vécu cet enfer. Quant à Pavel, il a dû subir un traitement psychiatrique. Pendant deux ans, il sera soldat de réserve. Et après ? "Le service alternatif", répond-il tout de suite en ajoutant : "Surtout plus jamais l'armée".