Le capital humain en République tchèque

Formation continue, formation permanente, adaptation culturelle, autant de notions qui prennent de plus en plus d’importance dans une conjoncture économique qui se globalise et devient toujours plus complexe. Où en est la République tchèque dans l’intégration des nouvelles méthodes de travail ?

Les grandes entreprises tchèques ou étrangères implantées à Prague se sont mises à l’heure de l’Occident depuis un certain temps. On le sait déjà pour les résultats économiques, mais d’autres changements se profilent qui insufflent un nouvel esprit : évolution professionnelle et épanouissement personnel sont deux notions qui ont de plus en plus droit de cité dans la capitale tchèque.

Ainsi, une jeune génération de managers a assimilé des préceptes en vogue actuellement : s’assurer de bonnes conditions de travail, développer l’esprit d’équipe, organiser des sorties ou des activités visant à une meilleure communication entre employés… Certes, le marché du travail se prête à ces préoccupations : la tension sociale est moins forte à Prague qu’à Paris et le marché du travail a l’avantage des demandeurs d’emploi.

Des défis de taille restent encore à accomplir. Stages, formation professionnelle ou formation continue, ces notions restent encore minoritaires et une culture d’entreprise est ici à développer. La formation continue permet, à toute étape d’une carrière ou à tout âge, d’évoluer ou même de changer de voie grâce à une formation dispensée en collaboration avec l’entreprise. La France n’a pas hésité, en 2003, à consacrer un budget de 4 milliards et demi d’euros pour la formation professionnelle continue. Peut-être serait-il utile à la République tchèque de se doter d’un organisme équivalent à l’Association pour la Formation Professionnelle des Adultes, en France. Mais c’est à l’Etat que devrait revenir une telle initiative.

Ces passerelles professionnelles manquent encore en République tchèque. Mais on a, dans bien des cas, pris conscience de l’enjeu. Si la formation continue n’existe pas en tant que telle, de nombreuses grandes entreprises proposent des petits cours de perfectionnement sous forme de trainings : langue ou informatique par exemple. Certains employés essaient même de faire le tour de plusieurs services pour avoir une vue globale de l’entreprise. On appelle ça le « coaching », un système permettant, en interne, d’apprendre et d’évoluer. Mais soyons réalistes, les formations courtes et vraiment qualifiantes sont chères et pas systématiquement prises en charge par les entreprises. Dans les grands groupes, on accorde généralement une remise de tel pourcentage, mais les heureux élus sont rares et les prix des vraies formations restent prohibitifs. D’autant plus que, par définition, ce sont surtout les petits salaires, à faible qualification, qui ont le plus besoin de ces formations pour avancer.

L’avantage ne serait pas uniquement du côté des salariés. Pour l’entreprise, il est particulièrement intéressant de fabriquer des cadres à partir de ses propres employés. Certaines entreprises étrangères implantées en République tchèque ont déjà intégré l’importance de cette notion de capital humain, citons Accenture ou encore Saint-Gobain. Dans de nombreux cas, une auto-formation avec choix de thématique et de mini-trainings ainsi qu’un bilan de compétence fait par l’employé lui-même, sont de plus en plus courants dans les grands groupes implantés à Prague.

Ce manque de passerelles professionnelles est peut-être à mettre en parallèle avec un manque de flexibilité au niveau universitaire. Ainsi le système d’équivalences, qui permet de passer d’une discipline à l’autre sans reprendre le cursus à zéro, n’est pas très développé. La République tchèque possède d’ailleurs en Europe l’un des taux les plus bas de diplômés, faute de moyens et d’effectifs. C’est simple, pour rentrer à l’Université, il faut passer un concours. La France, quant à elle, connaît un problème inverse avec une inflation d’étudiants pour un marché du travail serré.

Photo: Commission europennée
Au niveau des programmes inscrits dans les universités ou écoles supérieures d’économie, comme la VŠU, de nouvelles thématiques devraient être développées dans les prochaines années. Ainsi le concept d’« adaptation culturelle », un outil dont on fait de plus en plus appel dans la formation des jeunes diplômés. Cela part d’un postulat simple : face à la globalisation de l’économie, il faut plus que jamais tenir compte des différences de traditions culturelles et sociales. Car dans les entreprises multi-nationales, comme il y en a beaucoup à Prague, des malentendus simples peuvent parfois alimenter de fâcheux malentendus ! Ainsi la tendance des Français à la critique ou à l’argumentation, même constructive, peut apparaître à leurs collègues étrangers comme une volonté de défi voire de l’arrogance ! Alors que parfois, une simple mise en perspective suffit à éviter les confusions.