Le cerf blanc

Le château de Horsovsky Tyn se trouve dans la région de la ville de Domazlice, voisinant avec la Forêt de Bohême. La dernière reconstruction remonte aux années 1770-1880. En 1945, le château est devenu propriété de l'Etat et ainsi, accessible au public.

Le château de Horsovsky Tyn se trouve dans la région de la ville de Domazlice, voisinant avec la Forêt de Bohême. La dernière reconstruction remonte aux années 1770-1880. En 1945, le château est devenu propriété de l'Etat et ainsi, accessible au public.

Mais c'est le début du 17e siècle qui nous intéresse. Le château appartenait alors à la famille noble des Trauttmannsdorff, comtes de Styrie, qui l'obtint après le soulèvement des états généraux, en 1618. Les gentilhommes de la maison Trauttmannsdorff étaient passionnés de chasse. Ils avaient installé une chasse gardée, ainsi qu'un élevage de sangliers dans la profondeur des forêts. Les comtes de Trauttmannsdorff consacraient à la chasse une grande partie de leur temps libre.

Un des comtes de Trauttmannsdorff laisssa aller sa passion au-delà du commun. Le noble seigneur décora toutes les salles de Horsovsky Tyn par des carabines, des fusils et couteaux de chasse. Il ne mettait que des habits de chasse et n'avait d'autre sujet de conversation que la cynégétique. Successivement, le comte légèrement excentrique, transforma le parc du château en une chasse gardée privée où il y avait du gibier en abondance.

Un jour, le comte de Trauttmannsdorff, se fit amener dans la garde chasse un magnifique douze-cors aux yeux d'un brun profond. On ignorait le lieu d'origine du cerf, mais il fut certain qu'il s'agissait d'un animal rarissime. Le comte n'autorisait personne à s'approcher du précieux douze-cors. Il tenait à s'occuper de l'animal personnellement. Le comte s'en allait tous les jours nourrir le cerf. Le douze-cors se laissa caresser tout en observant l'homme de ses grands yeux au regard humain. Le comte de Trauttmannsdorff changea bien depuis que le beau cerf blanc avait apparu dans la chasse gardée. Il perdit l'appétit n'arrivant plus à avaler qu'un léger consommé et se fatiguait rapidement. Le bruit commença à courir que l'âme du comte de Trauttmannsdorff résidait dans le corps du cerf blanc et que l'animal était le présage de la mort du comte. Effectivement, plus le comte passait de temps auprès du cerf, plus sa santé se détériorait. Il perdait ses forces à vue d'oeil. Finalement, le comte n'arrivait plus à marcher et se sentit obligé de rester allonger. Il demanda à Hans, son serviteur fidèle, de placer son lit à baldaquin, en bois rare finement sculpté près de la fenêtre. Ainsi il put observer son douze-cors adoré.

C'était une nuit froide, en fin décembre, que le comte sentit la fin de ses jours approcher. Il appela le fidèle Hans et demanda de lui apporter une carabine. Hans s'empressa de réaliser le voeu de son maître. Le comte prit la carabine entre ses mains fixant l'orée du bois de la chasse gardée par la fenêtre. Il attendait l'apparition du cerf blanc. La pleine lune éclairait la clairière. La neige faisait ressortir la silhouette des arbres en accentuant la pâleur des rayons lunaires. Soudain le douze-cors apparut en toute sa splendeur. Le comte de Trauttmannsdorff sentit une pulsation au niveau des tempes...Il épaula et tira! Le coup alla atteindre le douze-cors en plein flanc. L'animal fit deux trois bonds et s'affaissa silencieusementsur le sol glacé.

En entendant le coup de fusil, Hans accourut immédiatement. Il trouva son maître mort serrant la carabine encore fumante, entre les mains. Par contre, on ne retrouva jamais le corps du cerf blanc. Etait-ce une apparition où le comte de Trauttmannsdorff a manqué son coup?! Mystere...!

Le fidèle Hans hérita d'une somme considérable que le comte lui avait légué. Il n'en profita guère, car il rejoignit son maître deux ans après son décès.