Le gouvernement présente son plan ambitieux de lutte contre la pauvreté

Photo: Kristýna Maková

La ministre du Travail et des Affaires sociales, Michaela Marksová Tominová a préparé un plan d’action contre la pauvreté : une série de mesures qui visent à mieux protéger les plus vulnérables. En effet, la Stratégie gouvernementale de lutte contre l’exclusion sociale révèle que plus d’1,5 million de personnes sont menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale en République tchèque, un chiffre qui correspond à 15% de la population.

Photo: Kristýna Maková
Selon les données de l’Office tchèque des statistiques (ČSÚ), trois groupes sont particulièrement menacés par la pauvreté : les familles monoparentales, les familles avec trois enfants ou plus et plus généralement les ménages avec enfants. La série de mesures proposées par la ministre du Travail et des Affaires sociales, Michaela Marksová Tominová, devraient être adaptées aux besoins spécifiques de chaque groupe.

Les familles monoparentales, constituées le plus souvent de mères seules avec enfants, se retrouvent en difficulté essentiellement lorsque l’autre parent cesse de payer la pension alimentaire. La ministre propose le remède suivant :

« Sous conditions, l’Etat pourrait avancer un certain montant de la pension alimentaire à la famille et la réclamer par la suite auprès du parent qui était censé la payer. »

Photo illustrative: Ladislav Bába,  ČRo
Cette idée se base sur le constat que la mère seule manque souvent de moyens efficaces pour obliger l’autre parent à payer la pension alimentaire, tandis que l’Etat possède, lui, une meilleure capacité d’exiger le remboursement de cette dette. La mesure répond notamment à la tendance à la féminisation de la pauvreté en République tchèque, dont les victimes sont le plus souvent des mères seules ou des femmes à la retraite.

Ces dernières devraient par ailleurs voir leur pension augmenter de 205 couronnes (7,60 euros) à compter de janvier prochain. Le montant moyen d’une pension dépassera donc les 11 000 couronnes (soit environ 410 euros). Comme toute mesure, cette augmentation se répercutera de manière inégale sur le montant des pensions des hommes et des femmes. Considérer cet impact différencié des retraites ainsi que réfléchir sur la soutenabilité du système des retraites, telles seront notamment les tâches de la nouvelle commission mise en place au mois de mai par la ministre Michaela Marksová Tominová :

Michaela Marksová Tominová,  photo: Archives du gouvernement de la République tchèque
« Un des rôles principaux de l’Etat est d’assurer les conditions de vie dignes aux citoyens qui ont travaillé toute leur vie. Le problème principal de la dernière réforme des retraites était l’absence de débats et de consensus. La nouvelle commission devrait permettre la mise en place d’un système des retraites plus pérenne. Pour cela, nous voulons l’élaborer avec tous les partis parlementaires, en collaborant avec des experts et nos partenaires sociaux. »

Le plan d’action contre la pauvreté inclut aussi la mise en place du logement social. Le comité qui devrait présenter un projet de loi relatif au logement social avant la fin de l’année, s’est réuni pour la première fois la semaine dernière.

La hausse du salaire minimum est aussi prévue. Actuellement, selon les données du ministère du Travail et des Affaires sociales, environ 3% de travailleurs (entre 100 et 120 000 personnes) touchent l’équivalent du salaire minimum qui est de 8 500 couronnes (environ 314 euros). Ce montant est inférieur au seuil de pauvreté en République tchèque qui s'y établit à 9 600 couronnes (355 euros) par mois. Pour 2018, le gouvernement prévoit un salaire minimum de 12 000 couronnes (445 euros). Le Premier ministre Bohuslav Sobotka explique la logique sous-jacente :

Bohuslav Sobotka,  photo: Kristýna Maková
« Il est crucial que les personnes qui ont un emploi aient un revenu plus élevé que celles qui ne voudraient pas travailler. »

L’opposition dénonce le caractère coûteux de ces mesures, qui s’élèveraient à plusieurs dizaines de milliards de couronnes (quelques centaines de millions d’euros), mais cet ambitieux plan d’action contre la pauvreté pourrait surtout se heurter à l’intransigeance du trésorier suprême, Andrej Babiš, le ministre des Finances et leader de la seconde formation de la coalition gouvernementale, dont le mot d’ordre est celui de faire des économies.