Le « krásný dar »* du Sparta

Ce n’est pas historique, n’exagérons rien, mais la performance, à la modeste échelle du football tchèque, n'en est pas moins de taille… Pour la première fois depuis la modernisation de la seconde plus prestigieuse des coupes européennes, le Sparta Prague est parvenu à se qualifier pour les 8es de finale de la Ligue Europa. Déjà victorieux (1-0) du FK Krasnodar à l’aller devant son public, le Sparta a validé son billet en s’imposant de nouveau, et de bien belle manière, (3-0) lors du match retour disputé dans le sud de la Russie, jeudi soir. Au prochain tour, ce sont désormais les Italiens de la Lazio Rome que les Pragois affronteront.

FK Krasnodar - Sparta Prague, photo: ČTK

Il faut bien le dire : à moins d’être un fidèle lecteur de footballski.fr, un site réunissant des passionnés gentiment barjots du football en l’Europe de l’Est, ce Sparta – Krasnodar était pour le supporter lambda probablement la moins excitante des seize affiches que proposait ce premier tour des play-offs de la Ligue Europa. A Prague non plus, la perspective de devoir se déplacer à 2 000 kilomètres plus à l’est pour affronter un adversaire mal connu du grand public mais redoutable sur le terrain, comme en témoignait sa victoire en phase de poules aux dépens du Borussia Dortmund, n’avait pas suscité un fol enthousiasme après le tirage au sort.

Mais tout cela est désormais oublié. Ce qui ne le sera pas en revanche, ce sont les deux prestations offertes par ce Sparta dont on n’osait même pas en attendre autant. A l’aller dans leur stade de Letná comme au retour chez le cinquième du championnat russe, les hommes de Zdeněk Šťastný ont livré deux matchs tout en maîtrise. Face à un Krasnodar qui n’a pas encore repris la compétition dans son pays, les Pragois se sont finalement imposés à chaque fois le plus logiquement du monde. Cet avis était partagé également par Lukáš Mareček. Auteur du premier des trois buts de son équipe en deuxième mi-temps jeudi, le milieu de terrain a peut-être été le meilleur joueur sur l’ensemble de la confrontation :

FK Krasnodar - Sparta Prague, photo: ČTK

« Je pense que nous étions bien préparés. Tactiquement, nous avons parfaitement abordé les deux rendez-vous. Déjà à l’aller, nous n’avions pas laissé les attaquants de Krasnodar s’exprimer. Nous avions même quelques regrets, car nous aurions pu l’emporter plus largement. Ce soir, cela a été plus compliqué en première mi-temps. Nous avons eu un peu de réussite en début de match. Si Krasnodar avait marqué sur sa première grosse occasion, le match aurait sans doute été différent. Mais ensuite nous avons su faire jeu égal et même mieux encore en deuxième mi-temps. Cette qualification représente beaucoup pour le Sparta. Cela faisait quelques années déjà que le club n’était plus allé aussi loin dans une compétition européenne. C’est bon pour son prestige, mais aussi pour le coefficient UEFA du football tchèque. »

Depuis le Viktoria Plzeň en 2014 (éliminé par Lyon, cf: http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/lheure-des-regrets-contre-lyon-plzen-a-rugi-trop-tard), plus aucun club tchèque n’était allé aussi loin en Ligue Europa. Pour le Sparta, éliminé dès le stade des 16es de finale par Liverpool en 2011 puis par Chelsea en 2013, il s’agit même d’une grande première dans une compétition bien plus adaptée aux moyens des clubs tchèques que la Ligue des champions et sur laquelle ils ne crachent d’ailleurs pas. Enfin, cette qualification aux dépens de Krasnodar confirme l’excellent début d’année des Pragois, comme s’en félicite Lukáš Mareček :

FK Krasnodar - Sparta Prague, photo: ČTK

« Nous avons très bien redémarré après la trêve hivernale : en Ligue Europa comme en championnat, où le titre reste la priorité pour le club cette saison. Ces matchs européens, c’est du bonus pour tout le monde. Mais cette qualification peut aussi nous servir en Synot Liga. Maintenant, on verra quel sera notre prochain adversaire en Ligue Europa et pourquoi ne pas envisager de créer une nouvelle surprise. »

Et ce prochain adversaire, ce ne sera donc pas Liverpool ou Manchester United, comme en rêvaient plusieurs joueurs du Sparta, ni même Anderlecht, comme l’espérait Lukáš Mareček, passé par la maison mauve au début de sa carrière, mais la Lazio. Actuel huitième en Série A, le club romain a sorti les Turcs de Galatasaray. Le match aller de ce huitième de finale sera disputé à Prague le 10 mars et le retour une semaine plus tard dans la Ville éternelle.

*« Le beau cadeau », en tchèque.