Le Maroc attire des amateurs tchèques de sports d’adrénaline
Pendant la haute saison touristique, nous allons nous intéresser aux vacanciers tchèques qui se rendent au Maroc. Certes, le royaume ne figure pas parmi les destinations touristiques favorites des Tchèques qui privilégient de loin la Croatie, l’Italie, la Slovaquie, la Bulgarie ou encore l’Egypte, mais tout de même, pour en savoir plus sur le nombre et le profil des touristes tchèques au Maroc, nous avons rencontré l’ambassadeur tchèque à Rabat, Viktor Lorenc, qui avait également occupé, entre 1999 et 2004, la même fonction en Tunisie.
Alors que le Maroc est visité par près de 11 millions de touristes chaque année…
« Oui, ce n’est pas beaucoup. Je me souviens qu’à l’époque où j’étais en poste en Tunisie, le pays accueillait entre 100 000 et 120 000 touristes tchèques chaque année. Pendant la haute saison touristique, il y avait tous les jours un vol charter entre la Tchéquie et la Tunisie. En plus de cela, la compagnie Tunisair opérait une fois par semaine un vol direct. Mais les touristes tchèques au Maroc ont un profil particulier, ce sont généralement des amateurs des sports d’adrénaline qui causent beaucoup de soucis à l’ambassade… D’après mon expérience, 10 % des touristes tchèques d’aventure n’ont pas de chance lors de leur séjour : ils ont des accidents à la montagne ou des accidents de voiture… »
Quelles activités pratiquent-ils plus précisément ?
« Ils sont nombreux à faire du parapente, à participer à des rallyes de motocyclisme ou automobiles, il y en a d’autres qui partent à pied à la découverte du Sahara ou qui font de l’escalade à la montagne. Je les comprends, j’ai été jeune moi-aussi. Mais du point de vue d’une petite ambassade qui a des moyens techniques limitées, ces activités ne nous réjouissent pas vraiment. Bref, les Tchèques ne viennent pas au Maroc pour y passer des vacances ‘classiques’ en famille au bord de la mer, comme je l’ai vécu en Tunisie. Le pays accueille ceux qui recherchent des beautés architecturales et qui se rendent principalement à Agadir, ou alors des amateurs de sport en tout genre, dont les sports d’adrénaline. »Deux jeans et une cartouche de Marlboro pour partir en Tchécoslovaquie
Place maintenant à Ahmed Lemzah, juriste de formation et consul honoraire de la République tchèque à Casablanca. Avant de nous parler des difficultés que peuvent rencontrer les visiteurs tchèques du Maroc, Ahmed Lemzah se souvient, à son tour, de sa propre découverte de l’ancienne Tchécoslovaquie :
« Au Maroc, la Tchéquie est toujours associée à l’Europe de l’Est. Je me souviens qu’à l’époque de la Tchécoslovaquie, mes amis étudiants me donnaient toujours envie d’y aller. Ils me disaient que je n’avais pas besoin de beaucoup d’argent, qu’il me suffisait de deux jeans et d’une cartouche de Marlboro pour passer quinze, vingt jours comme un roi, dans un hôtel, et manger pour des prix qui défient toute concurrence. La Tchécoslovaquie et la Tchéquie ont toujours été appréciées des Marocains, surtout par ceux qui ont eu l’occasion de connaître le pays. »En tant que consul honoraire, vous assistez les ressortissants tchèques qui ont besoin d’informations, de renseignements ou qui se trouvent en difficultés. Quels sont les problèmes auxquels ils peuvent être confrontés lors de leur séjour au Maroc ?
« Ce sont des difficultés de toute sorte. Cela va de quelqu’un qui se fait voler ses papiers, ce qui est malheureusement assez courant, jusqu’à des cas beaucoup plus graves, lorsqu’il s’agit par exemple d’agression. Je me souviens de deux cas très malheureux qui datent du début de ma mission diplomatique à Casablanca (à la fin des années 1990, ndlr). Il s’agissait d’une ressortissante tchèque qui était en touriste individuelle dans la région de Merzouga, une localité située dans le désert marocain. Elle a été torturée et ensuite assassinée. C’était un moment particulièrement triste que nous avons vécu avec l’ambassade. De même, nous nous sommes occupés de plusieurs Tchèques emprisonnés au Maroc pour des délits de drogue. L’un d’entre eux a dû être hospitalisé d’urgence à Rabat parce qu’il a observé une grève de la faim. Malheureusement, il s’est suicidé dans sa chambre d’hôpital… Nous essayons de bien informer les touristes qui viennent individuellement de tous les risques potentiels dont les Tchèques, surtout ceux qui viennent pour la première fois, ne sont pas conscients. »