Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Le grand jour approche…! Nous allons donc causer pour cette fois de Noël et de ses préparatifs – Vánoce a přípravy, de chocolats et de fatigue – čokolada a únava, de résolutions et de bilans de fin d’année – předsevzetí a bilancování uplynulého roku … Tout en revoyant quelques notions de tchèque que nous avons acquises tout au long de l’année.
Les journaux tchèques ne renvoient pas une image formidable de Noël : le quotidien Lidové noviny titrait, il y a quelques jours de cela, « desetina Čechů se netěší na Vánoce »– « un dixième des Tchèques ne se réjouit pas de Noël »! Pour nous, c’est l’occasion d’une piqûre de rappel de la formule fréquemment employée : « těšit se »– « se réjouir », dont nous avons parlé dans une précédente émission. Une expression très courante mais intraduisible en français, que le dictionnaire propose de traduire par « se réjouir », « se faire une joie de ». Mais si « je me réjouis de te revoir » est soutenu et peu employé à l’oral, « těším se! » est tout a fait courant et s’utilise également quotidiennement dans des contextes fort différents, et le simple « těším se! » est devenu si courant qu’il s’utilise presque comme quand on dit « à tout à l’heure » en français.
Photo: Radio Prague
Les bases du sujet sont définies : d’après la presse, pour un certain nombre de Tchèques, Noël est source de stress et de contraintes. Les magazines féminins ne se privent pas de lier Noël à des concepts comme « šílené nakupování », « la folie des achats », ou « uklízení » - « le ménage ». Notons au passage que le mot « uklízení » est une sorte de mot « deux en un » pour nous autres francophones, puisqu’il signifie à la fois le rangement et le nettoyage. Plus que l’action même de ranger et de nettoyer, il décrit donc une phase intermédiaire entre une pièce qui laisse à désirer et cette même pièce nickel, après être passée par la phase « uklízení ».
Une rédactrice d’un magazine féminin compare Noël a une sorte de « soutěž, kdo bude mít lépe uklizeno a dříve napečeno »– une compétition de celle qui aura le mieux rangé, nettoyé, et « préparé et cuit ». Nous avons affaire à un autre mot multifonctionnel, « napečeno ». On y reconnaît le mot « pečení », qui signifie littéralement « la cuisson » mais, dans notre cas, décrit un processus beaucoup plus élaboré, qui est clair à chaque Tchèque qui le lit, en particulier en période de fêtes : lisant « pečení »à quelques jours de Noël, le Tchèque visualise immédiatement la ménagère (ou le ménager…) qui prépare, des heures durant, les petits gâteaux de Noël, les modèle, les remplit de confiture, noix ou chocolat avant de les mettre au four… Ici encore, « pečení » décrit la totalité du processus, de l’ouverture du livre de recettes jusqu’à l’obtention du produit fini – le « cukroví ».
A ce propos, avez-vous déjà entendu parler du « cukroví »? Vous aurez reconnu le mot « cukr »– sucre, puisqu’il s’agit de quelque chose de sucré cuit au four – « pečení ». Nous y sommes : les fameux biscuits de Noël. Une institution tchèque s’il en est a Noël : chaque famille a ses « cukroví » particuliers, certaines familles en font une sorte, d’autres dix voire vingt sortes différentes! Il s’agit de biscuits secs, fourrés aux fruits, aux noix, aux amandes, aux noisettes, au chocolat, ou bien pas fourrés, juste sucrés… en forme de lune, de cercle, de noisette… et de différentes couleurs, que les familles mangent pendant la période de Noël et, selon la productivité de la maison, parfois bien après Noël, conservés dans des boites en métal.
Mais revenons à nos magazines féminins et à leur description plutôt décourageante de la période. Une autre rédactrice parle de « rozčarování, shon a nerváky » - soit « le désenchantement (de « čarovat » - enchanter), la bousculade et les nerfs ». L’occasion pour nous de rappeler une terminaison courante en langue tchèque parlée : « -ák ». Ainsi, en tchèque parlé, la place Venceslas – Václavské náměstí– devient Václavák, le bulletin de livraison « dodací list »– dodák, et une situation qui nous tape sur les nerfs « nervák ».
Et à la fin, les rédactrices s’accordent toujours pour conseiller à leurs lectrices d’en faire moins pour en profiter plus, et de se contenter de pommes comme le dit l’adage : « Když nemám broskev, chci alespoň jablko »– « si je n’ai pas de pêche, je veux au moins une pomme ».
C’est sur ce sage conseil, apaisant avant « la fièvre de Noël » – « Vánoční horečka », que s’achève ce « Tchèque du bout de la langue ». En attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine, nous vous souhaitons un calme Noël – klidné Vánoce, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !