Le nouveau directeur désire soustraire la police tchèque aux pressions politiques
Après plusieurs semaines de débats houleux, de doutes et d’accusations mutuelles entre le premier ministre et le ministre de l’Intérieur qui semblaient menacer jusqu’à la cohésion de la coalition gouvernementale, la police tchèque a un nouveau chef. Le ministre Radek John a finalement nommé à ce poste Petr Lessy, homme qu’il considère comme prédisposé pour résoudre les problèmes de la police et pour lui insuffler une nouvelle énergie.
« J’espère que le choix du ministre ne sera pas attaqué en justice parce que ce serait très mauvais. Par contre, je tiendrai ma promesse de ne pas opposer mon veto à ce choix parce que je veux éviter d’autres conflits politiques concernant le directeur de la police et la politisation de la police. C’est donc le ministre Radek John qui en est pleinement responsable et l’avenir montrera si c’était un bon choix ou non. »
Pour donner au choix du directeur de la police le sceau de l’impartialité, le ministre de l’Intérieur a confié cette tâche à une commission spéciale. Cette procédure et la composition de cet organe ont été cependant critiquées non seulement par le premier ministre et d’autres dirigeants du Parti civique démocrate (ODS) mais aussi par l’opposition. Le ministre a toutefois soutenu de tout son poids politique le candidat choisi par la commission. Il se dit convaincu que Petr Lessy est un homme bien à sa place pour aider la police à accomplir les tâches difficiles qui l’attendent :
« La police doit non seulement assurer l’ordre public mais se relancer surtout dans la lutte contre la corruption, le crime organisé et la criminalité financière. J’espère aussi que la nouvelle direction de la police réussira à regagner la confiance de la population qu’elle perdait ces derniers temps à cause de fréquentes fuites d’informations et de son incapacité à résoudre d’importantes affaires de corruption. »Le colonel Petr Lessy est un juriste né en 1964 qui travaille dans la police depuis 1990. Il a occupé différents postes dans la hiérarchie policière et dernièrement il a été directeur-adjoint de la police régionale de Moravie du Sud. Il s’est engagé aussi dans la politique communale du village de Palkovice en Moravie du Nord où il vit. Il se propose entre autres de protéger la police des pressions politiques :
« Mon désir personnel en ce moment est que la politique s’arrête au niveau du ministre de l’Intérieur. Je veux garantir que la police sera un service apolitique et que je saurai éviter certains excès dont nous avons été témoins dans le passé. »La situation du nouveau directeur est d’autant plus difficile qu’il arrive au moment où la police fait face à des restrictions budgétaires considérables :
« Dans quelques jours nous devons commencer à préparer très intensivement le budget de la police tchèque pour créer les conditions nécessaires pour nos collègues dans les rues, dans la police criminelle, dans les départements d’instruction et dans les unités spéciales. Il faut qu’ils puissent travailler dans des conditions, disons, économiquement durables conformément au chapitre 314 de la réglementation du ministère de l’Intérieur.»
Petr Lessy déplore aussi que le débat houleux précédant sa nomination ait affaibli intérieurement la police tchèque. « Je pense que la police ne l’a pas mérité », dit-il.