Le plus grand salon du livre en République tchèque s’offre un nouveau départ
La 23e foire internationale « Le Monde du livre » (Svět knihy) a ouvert ses portes ce jeudi au Parc des expositions, dans le quartier pragois de Holešovice. La manifestation qui compte 400 exposants d’une trentaine de pays s’est récemment dotée d’une nouvelle direction. Celle-ci met en lumière le festival littéraire en tant que volet principal de la programmation ainsi que sur la présence de petits éditeurs à la foire. Pour en savoir plus sur l’édition 2017 du salon, Radio Prague a joint Guillaume Basset de l’équipe organisatrice.
Quelles sont les autres nouveautés mises en place par votre équipe cette année ?
« Il y a trois grandes nouveautés. D’abord, c’est le retour à la foire de petits éditeurs, avec un stand qui leur est consacré. Rappelons que les petits éditeurs avaient plus ou moins déserté le salon pour des raisons de coût et d’organisation. Nous les avons réunis dans un stand situé à l’extérieur du Palais industriel où se déroule le salon, pour qu’ils soient plus visibles et puissent faire partie de la vie économique littéraire en République tchèque. Le deuxième changement : nous avons investi le Lapidarium situé juste à côté de la salle d’exposition, pour organiser des rencontres et des lectures publiques d’auteurs dans un endroit beaucoup plus calme que dans le cadre de la grouillante foire remplie de monde. Finalement, tous les soirs, nous avons un programme avec nos plus grands auteurs étrangers invités. Ce sont des discussions sur des thèmes importants et larges. Vendredi soir par exemple aura un débat intitulé ‘Une place, un héros’, en présence des écrivains Marc Pastor et José Luis Peixoto. Samedi, nous discuterons d’une phrase de Milan Kundera qui dit que l’art le plus européen, c’est le roman. Dimanche soir, l’auteure tchèque Radka Denemarková et le grand dissident chinois Liao Yiwu discuteront du rapport entre les auteurs et les autorités. »
Ce vendredi, l’écrivaine française Karine Tuil, venue à Prague à l’occasion de la sortie en tchèque de son roman « L’insouciance » se retrouve autour d’une même table avec le psychanalyste et écrivain belge Patrick Declerck. Quel est le thème de leur débat et pourquoi avoir rassemblé ces deux auteurs ?
« Cette rencontre est un parfait exemple de la forme que nous voulons donner au festival littéraire qui a lieu dans le cadre de la foire du livre. Ces deux auteurs présentent, en effet, leurs livres. Nous avons voulu les réunir pour confronter leurs idées autour du thème ‘La littérature et l’insoutenable’. Car nous considérons que la littérature, ce n'est pas uniquement les livres, mais aussi les débats, les rencontres autour des thèmes littéraires. Le livre de Karine Tuil, ‘L’insouciance’, traite de ces questions-là, notamment du retour des soldats d’Afghanistan. Dans son livre axé sur la psychanalyse, Patrick Declerck s’intéresse à ce que nous pouvons supporter psychiquement. »Plusieurs dizaines d’auteurs du monde entier participent à ce salon du livre pragois. Pourriez-vous en citer quelques-uns qui pourraient, selon vous, être particulièrement intéressants pour le public tchèque ?
« En premier lieu, c’est un auteur que j’ai déjà nommé, Liao Yiwu. C’est un auteur chinois qui vit en exil depuis plus de huit ans. Deux de ses livres ont été traduits en tchèque. Evidemment, la question des relations sino-tchèques est plus que brûlante et ne peut qu’intéresser le public. Nous avons invité aussi un jeune écrivain et poète ukrainien Hryhori Sementchouk. C’est une nouvelle figure de la littérature ukrainienne actuelle. Je ne peux évidement que conseiller la rencontre avec José Luis Peixoto, une des plus grandes voix de la littérature portugaise. Samedi soir, il sera présent à la galerie DOX pour discuter des questions de l’art européen. »
La montgolfière Gulliver, installée sur le toit du centre d’art contemporain DOX et le Lapidarium du Musée national de Prague ne sont pas les seuls lieux investis, ces jours-ci, par les hommes et femmes de plume et les lecteurs : l’auteur irlandais John Boyne et l’écrivain israélien Uri Orlev, connus pour leurs livres sur la Shoah vue par les enfants, rencontreront le public, vendredi, à l’ancienne gare ferroviaire de Prague-Bubny lieu de l'embarquement d'environ 45 000 Juifs tchèques déportés vers des camps de concentration nazis.Le « Monde du livre » se poursuit, à Prague, jusqu’au dimanche 14 mai. Toute la programmation du salon au http://sk2017.svetknihy.cz