Le projet de budget européen ne suscite pas de vagues en Tchéquie
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a présenté mercredi le projet de budget de l’UE pour la période 2021-2027, un budget en légère hausse malgré le départ du Royaume-Uni. La République tchèque, en bonne santé économique, devrait recevoir moins d’argent mais tout de même rester bénéficiaire nette.
Les médias tchèques, dans leur grande majorité, sont plutôt préoccupés de savoir, comment ce projet va se répercuter sur le portefeuille national. C'est par exemple le cas du quotidien Lidové noviny, qui se pose la question : « La part tchèque du gâteau de l’UE va-t-elle se réduire ? ». La réponse est oui, même si, selon l’eurocommissaire tchèque Věra Jourová (ANO), Prague aurait tout de même de nombreuses raisons de se réjouir :
« Le budget de l’UE pour sept ans à partir de 2021 va recouvrir des domaines dont les Tchèques attendent qu’ils soient financés par l’argent européen. Car les priorités de base seront la défense, la sécurité, et notamment aux frontières intérieures, la science et la recherche, le programme Erasmus en tant qu’ instrument formidable pour l’éducation, ou encore de garantir un marché intérieur stable et fonctionnel. Je pense qu’on y trouve donc beaucoup de bonnes choses pour les Européens. Ensuite, la bonne nouvelle pour les Tchèques, c’est que, même si nous nous portons économiquement très bien, nous allons rester des bénéficiaires nets. Nous contribuerons moins au budget que ce que nous recevrons. »
Selon les estimations, les dotations accordées à la Tchéquie devraient baisser à hauteur de 10 %. Pour le député européen social-démocrate Pavel Poc, qui regrette le manque « de vision » de la feuille de route, les annonces de la Commission européenne ne surprennent personne :« C’est globalement ce que nous attendions de la Commission européenne. Il n’a pas été annoncé de hausse significative de ce budget. Si on parle de la politique de cohésion européenne, et notamment de la politique agricole commune, les économies sont de l’ordre de plusieurs pourcents. Le secteur de la défense est renforcé, celui des migrations également, et, ce dont je suis très content et qui n’a pas changé, l’enveloppe Erasmus est renforcée, ainsi que significativement les dépenses pour l’innovation et la science. »
Un article du Financial Times évoquait à la mi-avril le projet de la Commission de réfléchir à un nouveau mécanisme pour l’attribution des fonds européens, qui ne serait plus seulement basé sur le PIB par tête, mais sur toute une série de critères, dont le niveau de chômage, la politique en matière de lutte contre le réchauffement climatique ou encore le respect de l’Etat de droit. Ce projet, perçu par certains pays tels que la Hongrie ou la Pologne comme une façon de les priver de l’argent européen, est bien en discussion à Bruxelles. Selon Věra Jourová, cela ne viserait cependant aucun Etat en particulier :
« Le respect des règles de l’Etat de droit est un critère très important. Il devrait figurer dans un dispositif parallèle au mécanisme financier. Désolée pour ce détail technique. Quoiqu’il en soit, je considère qu’il s’agit d’un important pas en avant parce que les contribuables nets veulent que dans les Etats où va l’argent européen, la justice fonctionne, les fraudes dans les commandes publiques soient punies. C’est quelque chose que l’on connait. Il y a eu des affaires de ce type en République tchèque. »Autre critère en discussion qui pourrait faire grincer des dents en Europe centrale, le niveau de certaines aides pourrait être conditionné au nombre des demandeurs d’asile accueillis, considérant qu’il faut aider les Etats à intégrer ces personnes. Cela ne serait clairement pas au bénéfice de pays comme la Tchéquie, qui n’ont accueilli quasiment aucun réfugié.
Dans tous les cas, le projet de budget européen est susceptible de beaucoup évoluer dans les semaines à venir. C’est en effet aux Etats-membres de se mettre d’accord sur son contenu final et nul doute que chacun tentera de faire avancer le schmilblick dans son sens.