Le retour d'une oeuvre de Bartholomeus Spranger au Château de Prague

C'est un grand retour. Un tableau considéré comme disparu pendant des siècles réapparaît et revient au Château de Prague pour lequel il a été créé. « L`Allégorie des guerres turques » a été créée par le peintre Bartholomeus Spranger au début du XVIIe siècle.

Photo: CTK

Le peintre hollandais Bartholomeus Spranger ayant vécu entre 1546 et 1611, était sans doute un des plus grands artistes de la cour pragoise de l'empereur Rodolphe II, grand collectionneur d'oeuvres d'art et amateur passionné d'alchimie. Spranger, peintre déjà renommé, arrive à la cour impériale dans les années 1680 après avoir travaillé dans plusieurs centres de la peinture européenne où il a appris de diverses techniques picturales et s'est forgé un style personnel qui l'a hissé parmi les grands peintres maniéristes de son temps. Il restera dans l'entourage de l'empereur pendant vingt-cinq ans, donc jusqu'à la fin de sa vie et créera pour lui et pour d'autres clients de nombreuses oeuvres mythologiques et religieuses. Selon l'historienne de l'art Eliska Fucikova le rapport entre le peintre et l'empereur était beaucoup plus étroit que n'en sont en général les relations entre un artiste et son client :

« Il a été un ami très fidèle de l'empereur et son tableau reflète sans doute, d'une certaine manière, la fin de sa vie et la fin de la vie de Rodolphe II. Bien que ce soit une allégorie de la victoire dans les guerres turques l'atmosphère du tableau est plutôt nostalgique. »

Après le sac du Château de Prague par l'armée suédoise en 1648, le tableau est amené en Suède avec d'autres oeuvres des collections rodolphiennes et sa trace disparaît. L'histoire de cette oeuvre monumentale peinte sur bois reste donc mystérieuse. Cependant, d'après la commissaire de la Galerie du Château de Prague, Magda Machkova, les spécialistes ont déjà dévoilé quelques péripéties de la genèse du tableau :

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« Pendant près de trois siècles. le tableau disparaît sans laisser de traces dans les sources historiques et les documents écrits pour réapparaître au début du XXe siècle dans de diverses ventes aux enchères en Europe. (...) Nous avons eu beaucoup de chance. A notre grande surprise nous avons découvert sur ce tableau de belles couches picturales inférieures et même des preuves sur les changements dans la composition du tableau. Spranger a donc remanié cette oeuvre à plusieurs reprises. »

Après sa réapparition, au début du XXe siècle, le tableau est exposé pendant de longues années dans le musée municipal de Münster comme une oeuvre faisant partie d'une collection privée. Aujourd'hui, il est en possession d'un collectionneur tchèque qui désire garder l'anonymat. C'est ce dernier qui l'a prêté à la Galerie du Château de Prague. Désormais, les amateurs de la peinture maniériste pourront l'admirer à la galerie pendant deux ans.