Le roi du tourisme tchèque face aux créanciers
Vaclav Fischer, chef de la plus grande agence de voyage tchèque, traverse une crise. Une partie des sociétés qu'il possède devraient être soumises à l'exécution.
C'est presque incroyable. L'homme considéré par beaucoup de Tchèques comme le symbole du succès dans les affaires serait-il menacé de faillite ? L'empire de Vaclav Fischer serait-il en train de s'effondrer ? Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'on entend des rumeurs sur ses problèmes économiques. La dernière fois, c'était au début de cette année lorsque son agence avait quelques peines à signer le contrat sur l'assurance contre la faillite. Cette fois-ci cependant, c'est sérieux et la crédibilité des sociétés de Vaclav Fischer est éclaboussée.
L'homme en noir (c'est ainsi qu'on surnomme Vaclav Fischer à cause de sa prédilection pour les tenues sombres et élégantes) est ce qu'on appelle un self-made man. Cet exilé tchèque a réussi à bâtir en Allemagne, dans les années 1980, la plus importante agence de voyage privée du pays. Après la chute du communisme, il a eu encore assez d'énergie pour répéter son exploit en Tchécoslovaquie et son agence de voyage a devancé bientôt tous les concurrents sur le marché tchèque des services touristiques. Relativement jeune, svelte et énergique, il était lui-même la meilleure image publicitaire de la réussite de son entreprise. Vers la fin des années 1990, sa popularité en Tchéquie était énorme. Tenté par la politique, il s'est fait élire au Sénat, chambre haute du parlement tchèque, et laissait planer une incertitude savamment entretenue sur son éventuelle candidature présidentielle. Il a vendu son agence allemande, Fischer Reisen, et s'est mis à réaliser des projets ambitieux en Tchéquie, en Pologne, en Hongrie et en Slovaquie. Il est allé jusqu'à créer sa propre compagnie aérienne pour laquelle il a acheté trois Boeings pour 110 millions de dollars. Ces investissements démesurés, financés à crédit, mais aussi la stagnation économique, la peur du terrorisme et une couronne tchèque trop forte semblent avoir eu, finalement, raison de lui.
Aujourd'hui, son plus grand créancier, Komercni banka (Banque de commerce), demande que ses biens soient soumis à l'exécution et le tribunal du 1er arrondissement de Prague donne son consentement. Vaclav Fischer doit à la Komercni banka 300 millions de couronnes, quelque 10 millions d'euros. De même, sa compagnie aérienne risque de suspendre ses services. D'après une déclaration officielle publiée par la presse, l'empire de Vaclav Fischer devrait être sauvé bientôt par un investisseur important et les difficultés actuelles ne peuvent pas bloquer les activités de l'agence de voyage Fischer qui est une entreprise à part, et dont les clients sont assurés contre la faillite. Pour l'instant, on n'enregistre parmi les clients de l'agence ni panique ni retraits massif de commandes. Même au bord de la faillite, l'image de Vaclav Fischer, homme d'affaires sérieux et sympathique, continue à rassurer sa clientèle.