Le sport tchèque veut aider ses anciens champions et encourager la pratique de masse

Photo: Kristýna Maková

Ce n’est pas nouveau. Le financement du sport en République tchèque est problématique. Pour tenter d’améliorer la situation, le ministre de l’Education, de la Jeunesse et des Sports, le social-démocrate Marcel Chládek, devrait présenter au gouvernement, à l’automne, un nouveau projet de loi de soutien au sport. Mardi, une consultation publique avec les acteurs du monde du sport s’est tenue à Prague pour évoquer les principaux points de la loi envisagée. Parmi ceux-ci figure notamment l’aide apportée aux anciens sportifs de haut niveau une fois leur carrière terminée. Mais pas seulement.

Kateřina Neumannová,  photo: Jan Sklenář,  ČRo
La retraite avant 35-40 ans, beaucoup de monde en rêve (du moins ceux qui ont la chance de travailler)… sauf la majorité des sportifs pour lesquels la fin de la carrière constitue ce qui est parfois présenté comme une petite mort. Championne olympique à Turin en 2006, double championne du monde en 2005 et 2007, et multiple médaillée dans ces deux compétitions, Kateřina Neumannová n’appartient pas précisément à cette catégorie de sportifs jeunes retraités désœuvrés et désorientés. Présidente du comité d’organisation des Mondiaux de ski nordique à Liberec en 2009, organisation qui s’est soldée par un déficit colossal, l’ancienne glorieuse fondeuse, qui avait également investi dans la construction d’une pension de luxe dans le massif de la Šumava en Bohême du Sud, a profité de son nom et de son image positive pour réussir sa reconversion. Aujourd’hui, c’est donc en tant que membre de la commission des sportifs du Comité olympique tchèque (ČOV), mais aussi en tant que conseillère du ministère de la Défense, dont dépendent directement certains des plus grands clubs omnisports du pays comme le Dukla Prague, que Kateřina Neumannová s’exprime sur la situation des sportifs tchèques fraîchement retraités :

Photo: Kristýna Maková
« Il convient de mettre en place un système pour les sportifs qui arrivent en fin de carrière et ont besoin de continuer à gagner leur vie. Beaucoup d’entre eux n’ont pas préparé leur reconversion et se retrouvent du jour au lendemain dans l’incertitude. L’idée qu’ont les gens des sportifs est partiellement fausse. Ceux qui ont gagné suffisamment d’argent pour se permettre éventuellement de ne rien faire après leur carrière sont très peu nombreux. La grande majorité se doit de travailler. Le problème est que poursuivre des études en faisant du sport de haut niveau n’est pas chose aisée. A 35 ans, ils se présentent donc sur le marché du travail après avoir consacré toute leur vie antérieure au sport et le plus souvent en n’ayant pas achevé leurs études et sans expérience professionnelle. »

Le constat dressé n’est pas propre aux sportifs tchèques et vaut un peu partout dans le monde. Toutefois, le ČOV entend mieux accompagner ses athlètes dans la préparation et la gestion de leur après-carrière, comme le précise Kateřina Neumannová :

Photo: Kristýna Maková,  Radio Prague Int.
« La majorité des écoles ne possèdent pas de programmes aménagés permettant de suivre des études parallèlement à une carrière sportive très exigeante au niveau du temps et qui nécessite un important investissement personnel. Les écoles ne sont pas suffisamment flexibles. C’est donc quelque chose que nous aimerions changer. Nous préparons également un programme de conseil et de placement sur le marché du travail. Concrètement, cela signifie que nous voulons aider les meilleurs de nos sportifs en leur proposant des postes par exemple dans les entreprises partenaires du Comité olympique tchèque. »

La loi en cours d’élaboration prévoit également le versement d’une prime mensuelle de 20 000 couronnes (environ 730 euros) à chaque médaillé olympique ayant atteint l’âge légal de départ à la retraite. Cette rente serait versée en plus de la pension de retraite.

Marcel Chládek,  photo: Archives de gouvernement tchèque
Mais plus généralement, le projet de loi vise à promouvoir et développer la pratique du sport de masse, et notamment tout d’abord sur le plan financier. Cette année, l’Etat consacre environ trois milliards de couronnes (environ 110 millions d’euros) au financement du sport dans son ensemble. Le ministre Marcel Chládek entend bien à ce que ce soutien soit plus important dans un proche avenir. Il explique comment :

« Je pense que nous pourrions atteindre les quatre milliards de couronnes. Il convient d’abord de procéder à une meilleure répartition de cet argent entre les fédérations sportives. Par ailleurs, des ressources devraient provenir des caisses d’assurance maladie. Notre objectif n’est pas seulement d’aider le sport de haut niveau, mais surtout d’encourager la pratique du sport en tant que mode de vie sain. Il ne faut pas non plus oublier les paris sportifs illégaux qui ne font pour l’instant toujours l’objet d’aucune imposition. Nous pouvons récupérer là entre un et deux milliards de couronnes, mais il faut qu’une loi allant dans ce sens soit adoptée. »

Et le sport étant un des meilleurs moyens de prévenir les ennuis de santé, le ministre envisage également d’ajouter une troisième heure d’éducation physique dans les programmes scolaires. Ne resterait alors plus qu’à espérer que cette heure astreignante supplémentaire et obligatoire ne décourage pas une bonne fois pour toutes les moins convaincus de faire du sport.