La création d’un ministère envisagée pour améliorer le financement du sport tchèque
Y aura-t-il prochainement un ministère des Sports en République tchèque ? Pas nouvelle, l’idée figure dans la nouvelle et énième conception du développement du sport actuellement examinée par la Chambre des députés. L’éventuelle création de ce ministère, qui fonctionnerait alors indépendamment de celui de l’Education, devrait permettre, selon ses partisans, d’assurer un meilleur financement du sport. Parallèlement à ce projet, le Premier ministre social-démocrate Bohuslav Sobotaka a indiqué vouloir accorder plus de moyens au sport.
Sortis de la bouche du chef du gouvernement, ces propos confirment le titre d’une série de deux reportages sur le financement du sport tchèque mis en ligne sur notre site en janvier 2013 : « Le sport tchèque [est] au bord du gouffre ». Deux ans et quelque plus tard, la situation n’a guère évolué. Le financement du sport en République tchèque continue de poser problème, comme cela a d’ailleurs toujours été plus ou moins le cas depuis la fin du régime communiste en Tchécoslovaquie.
Difficile d’évoquer la situation actuelle du sport tchèque sans évoquer Sazka. Jusqu’à sa faillite en 2011, la société de loterie la plus importante du genre dans le pays a concouru en grande partie, de par sa vocation originelle, au financement du sport tchèque. Seulement, pour l’organisation du championnat du monde de hockey sur glace en 2004, une salle ultramoderne de 17 000 places initialement baptisée Sazka Arena (aujourd'hui O2 Arena) avait été construite à Prague ; un projet au montant surévalué comme souvent en République tchèque et dont la réalisation s’est accompagnée d’une multitude d’affaires troubles. En conséquence de quoi, la société de loterie s’est retrouvée avec un important passif pour finalement être revendue au plus offrant. Depuis, plus une seule couronne n’est reversée au sport, ce que regrettent nombre de ses acteurs, mais aussi donc certains politiques.
Concrètement, selon le nouveau projet présenté par le mouvement ANO, une des trois formations de la coalition gouvernementale, 1% des dépenses du budget de l’Etat serait consacré chaque année au sport, comme cela est le cas pour la culture par exemple.Actuellement, environ trois milliards de couronnes (près de 110 millions d’euros) sont versés annuellement au sport, auxquels s’ajoutent quelques centaines de millions supplémentaires en provenance des jeux de hasard. Dès l’année prochaine, Bohuslav Sobotka souhaite que trois milliards supplémentaires soient trouvés dans les finances publiques. Et à l’avenir, le montant de cette aide pourrait grimper jusqu’à douze milliards de couronnes. Toutefois, l’été dernier déjà, le ministre de l’Education, de la Jeunesse et du Sport, Marcel Chládek, avait déclaré qu’il souhaitait qu’un soutien plus important soit accordé au sport dans un proche avenir. Il avait alors expliqué comment :
« Je pense que nous pourrions atteindre les quatre milliards de couronnes (par an). Il convient d’abord de procéder à une meilleure répartition de cet argent entre les fédérations sportives. Par ailleurs, des ressources devraient provenir des caisses d’assurance maladie. Notre objectif n’est pas seulement d’aider le sport de haut niveau, mais surtout d’encourager la pratique du sport en tant que mode de vie sain. Il ne faut pas non plus oublier les paris sportifs illégaux qui ne font pour l’instant toujours l’objet d’aucune imposition. Nous pouvons récupérer là entre un et deux milliards de couronnes, mais il faut qu’une loi allant dans ce sens soit adoptée. »Toutefois, selon un rapport publié récemment par l’Office suprême de contrôle (NKÚ), le ministère de l’Education lui-même a distribué au moins 800 millions de couronnes (29 millions d’euros) de façon opaque entre 2011 et 2013. D’où l’idée de regrouper toutes les fédérations et disciplines sportives sous la tutelle d’un seul et même ministère des Sports, contre cinq ministères actuellement. L’idée fait son chemin, mais n’en est certainement pas encore au bout…