Le Tueur : un polar qui n’en est pas un
Autre film présenté à Karlovy Vary, « Le Tueur », de Cédric Anger, l’histoire d’un tueur, joué par le jeune comédien Grégoire Colin, chargé d’abattre un homme, joué par Gilbert Melki. Celui-ci va lui demander quelques jours de répit pour pouvoir faire un peu d’ordre dans sa vie... Interview avec Grégoire Colin.
« J’ai l’habitude d’être souvent au tout début du développement des films, parfois même avant qu’ils ne soient écrits. Cédric m’avait contacté d’abord pour son tout premier film, un moyen métrage, mais tout en me parlant d’autres projets... On a eu très tôt un dialogue autour d’un personnage et d’une envie d’écrire. J’ai eu la chance de lire les toutes premières versions, et de suivre tout le travail d’écriture du scénario... »
C’est un drôle de tueur quand même : tout au long du film, il ne fait qu’attendre, il a le temps de tomber amoureux, de prendre du temps pour le passer avec cette jeune fille, et finalement on ne le voir jamais dans le rôle d’un tueur...
« C’est sur ce quotidien-là, sur la gestion de l’attente, sur cette semaine à tuer, je dirais, avant de donner la mort, et sur tous les problèmes que ça pose. On sent que c’est quelqu’un qui essaye de s’équilibrer, il fait du yoga pour calmer des démons intérieurs. Il consomme pas mal de médicaments. On sent quelqu’un qui est un peu miné de l’intérieur. Il passe son temps à errer et à attendre. »Paris est très présent dans le film mais de façon très particulière. Le film se passe à la veille de Noël, mais on n’en a pas du tout l’impression. C’est un Paris glacial, froid, très blanc...
« Le film a été entièrement tourné dans les XIIIe et XIIe arrondissements de Paris qui sont des quartiers un peu à part... D’abord ce sont des quartiers modernes, je pense qu’il y a peu de choses qui sont d’avant les années 1950. C’est un quartier qui est constamment en construction. Ce sont des choses qui se superposent, qui ont été construites entre les années 1950 et maintenant, de manière anarchique. C’est un Paris qui est peu filmé, c’est vrai, sauf dans les films de Jean-Pierre Melville où il y a beaucoup le treizième arrondissement de Paris. Il se trouve que Cédric Anger vit dans le XIIe arrondissement, donc tous les décors du film, ce sont des endroits qu’il fréquente, pour lesquels il a écrit et qu’il a eu envie de filmer. »Peut-on dire que d’une certaine façon, son film revisite le genre du polar ?« Je pense que le film de Cédric Anger est un vrai drame. Ca a l’air d’un polar mais en fait je pense que ça n’en est pas un. Ca joue sur les codes du polar et effectivement, le film fonctionne sur un certain suspense mais qui n’est pas si puissant ou si imposant que dans un polar. Et en fait c’est plus la relation qui se noue entre les deux personnages, l’homme qui a commandé sa mort et celui qui va la donner, entre l’homme condamné à mourir et sa femme, ou comment on prépare son départ vers l’au-delà. »