L’emploi des détenus pour empêcher la récidive

Photo: VS ČR

60 % des personnes incarcérées ont un emploi en République tchèque. Une augmentation en un an du nombre de ces prisonniers salariés de 8 % qui correspond à la volonté des pouvoirs publics de promouvoir une requalification des détenus et par là-même, d’éviter la récidive. Ce mardi, le Bureau du travail, l’équivalent tchèque de Pôle emploi, doit d’ailleurs signer un mémorandum avec le ministère de la Justice sur une coopération accrue dans ce domaine.

Photo illustrative: Filip Jandourek,  ČRo
« Peut-être que plus tard, j’aimerais travailler dans la restauration de textiles. J’aimerais bien restaurer par exemple des textiles anciens. »

Michaela est en prison pour une affaire de drogue. Mais derrière les barreaux, elle a choisi de faire un apprentissage dans le domaine des technologies du textile. A côté des formations et possibilités d’apprentissage, le système pénitentiaire propose des cours de requalification. A l’heure où dans une grande partie des pays de l’Union européenne, la surpopulation carcérale est un problème majeur, l’opportunité de s’accomplir dans le cadre d’un emploi rémunéré a un objectif bien précis, comme l’explique Jakub Říman, du ministère de la Justice :

« Le but, c’est de faire diminuer le nombre de récidives en permettant aux détenus de se requalifier et de trouver un emploi. »

Jakub Říman,  photo: LinkedIn de Jakub Říman
Ouvriers chargés du tri sélectif des déchets, employés dans des laveries, standardistes dans des centres d’appel ou encore techniciens de maintenance, tel est le type d’emplois les plus fréquents proposés à ces détenus qui travaillent également souvent dans le secteur automobile ou métallurgique. A l’heure actuelle, les personnes non-diplômées sont rémunérées à hauteur de 4 500 couronnes par mois (173 euros), une somme plus de deux fois inférieure au salaire minimum. Mais à compter d’avril prochain, la rémunération de tous les détenus ayant un emploi devrait augmenter, comme le prévoit un décret du ministère de la Justice. Une hausse qui dépendra du type de travail et du niveau d’éducation des personnes. Jakub Říman :

« Les détenus n’ayant aucune qualification professionnelle recevront 1 000 couronnes de plus, ceux qui ont un brevet d’apprentissage auront 1 500 couronnes de plus et ceux qui ont le baccalauréat verront leur rémunération augmenter de 2 000 couronnes. La dernière hausse des rémunérations des détenus remonte à loin, la dernière fois c’était en effet en l’an 2000. »

Photo: VS ČR
Le décret prévoit également que les détenus puissent économiser davantage sur leur rémunération, afin de bénéficier d’un pécule plus important à leur sortie de prison. Aujourd’hui, il n’est possible de mettre de côté que 2 %, un détenu ne pouvant sortir qu’avec un maximum de 2 000 couronnes (76 euros). Désormais, c’est plus d’un dixième de la rémunération qui pourra être épargné, avec un maximum de 35 000 couronnes (1 346 euros) pour parer au plus urgent lors du retour à la vie civile.

Petra a été condamnée il y a quelques années pour production et distribution de stupéfiants. Sortie de prison depuis deux ans, elle se félicite de l’augmentation du niveau des rémunérations :

Photo: VS ČR
« Les gens ont une chance de ne pas commencer à partir de rien. Le problème principal de la récidive, c’est que les gens qui sortent de prison n’ont nulle part où aller. Ils ont besoin d’un logement, ils doivent tenir le coup jusqu’au premier salaire même s’ils arrivent à trouver tout de suite un emploi. Ce qui n’est parfois pas possible quand on a un casier judiciaire. Il faut donc avoir un peu d’argent de côté. Jusqu’à présent, c’était impossible d’épargner. Le pourcentage autorisé était si faible que même dans le cas d’une longue peine de prison, c’était infaisable. »

Trouver un emploi est donc aussi un des défis majeurs pour une réinsertion réussie dans la société. Ce à quoi doivent contribuer la requalification et l’emploi des personnes incarcérées. Dans le meilleur des cas, des anciens détenus embrayent même sur leur activité entamée derrière les barreaux, certains employeurs leur proposant un contrat d’embauche dès leur sortie de prison.