Les 120 ans de la prison de Pankrác : son passé et son présent
La plus connue des maisons d’arrêt en République tchèque, la prison de Prague-Pankrác, a accueilli ses premiers détenus il y a 120 ans. L’occasion de revenir sur l’histoire de cet établissement qui reste lié aux sinistres événements de l’histoire tchèque récente : plus de 1 200 personnes – résistants et prisonniers politiques – y furent exécutés pendant la guerre et lors des purges staliniennes dans les années 1950.
La prison de Pankrác est un complexe pénitentiaire situé aujourd’hui dans un quartier résidentiel du même nom, dans le IVe arrondissement de Prague. Sa construction a commencé en 1885 sur une surface de 15 hectares, et, quatre ans plus tard, les premiers détenus y étaient incarcérés. Le complexe de bâtiments comprenant un hôpital, une vingtaine d’ateliers, une vaste infrastructure sociale, culturelle et sportive et trois chapelles de cultes différents, était alors un fleuron de l’architecture pénitentiaire. Aujourd’hui Pankrác est une des deux prisons situées sur le territoire de Prague, la seconde se trouvant à Ruzyně, non loin de l’aéroport. Par rapport à celle-ci, Pankrác est non seulement plus ancienne de près de 50 ans, mais aussi et surtout tristement réputée pour avoir été le lieu d’exécutions.
Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, 1 087 personnes ont fini leurs jours en ce lieu, guillotinés par la Gestapo. Entre 1945 et 1947, plus de 700 personnes ont été exécutées à Pankrác pour crimes de guerre, dont le leader du parti de Henlein, Karl Hermann Frank. Dans les années 1950, le régime stalinien a incarcéré des centaines de ses adversaires politiques dans les cellules isolées de Pankrác. Dans la cour située derrière l’hôpital de la prison, la femme politique Milada Horáková a été envoyée à mort par pendaison, en juin 1950, suite à un des multiples procès monstres de ces années noires. Dans les années 1970, Pankrác a accueilli dans ses murs l’ancien dissident et ex-président de la République, Václav Havel. C’est lui qui, en juillet 1990, a aboli la peine capitale en Tchécoslovaquie, et c’est à Pankrác que la dernière exécution a eu lieu, le 2 février 1989.
Au moment de sa construction à la fin du XIXe siècle, la prison occupait un terrain d’anciens champs loin derrière les portes de la capitale. Aujourd’hui, elle est située dans un quartier résidentiel lucratif non loin du centre-ville. C’est la raison pour laquelle on a commencé à parler de sa suppression, de la vente des locaux et du déménagement des détenus. Ce projet n’est plus d’actualité, a indiqué à la Radio tchèque le directeur de la prison de Pankrác, Radek Kutiš :
« Je peux confirmer que cette question n’est plus à l’ordre du jour. Au mois de juin, le ministère de la Justice nous a assuré, par une lettre, que l’existence de la maison d’arrêt de Pankrác serait indispensable dans un horizon de moyenne durée, et que sa vente est peu probable également à l’avenir. »
La maison d’arrêt de Prague–Pankrác, qui est l’une des rares où est appliqué un régime de travail, est un lieu de détention provisoire. Elle accueille également les détenus masculins condamnés à de courtes peines. Selon les données de l’Administration pénitentiaire de septembre 2009, 428 prévenus en attente de jugement et 553 condamnées y purgent leur peine.