Musicien, chanteur, animateur, homme politique, la carte de visite de Michal Prokop indique de nombreux métiers, très hétéroclites, par le biais desquels il s’est fait connaître du grand public tchèque. A l’occasion de ses 70 ans, qui ont été célébrés ce 12 août, Michal Prokop a organisé près de Karlovy Vary le festival « Krásný ztráty », soit Belles pertes, du nom d’une émission télévisée que Michal Prokop animait pendant près de quatorze ans. Mais Michal Prokop, c’est avant tout un musicien, et c’est de cette façon que nous avons l’intention de vous le présenter dans la prochaine demi-heure sur Radio Prague.
Un des personnages clé du groupe Framus Five
Michal Prokop, photo: Supraphon
Michal Prokop débute sa carrière musicale dans les années 1960 tout d’abord en tant que guitariste puis en tant que chanteur aux côtés d’un groupe de rock, qui deviendra par la suite le mythique Framus Five. Très influencé par la musique afro-américaine de l’époque, le groupe intègre à la fois des éléments de soul et de rythm and blues, très perceptibles sur le premier album éponyme paru en 1969. S’ensuivront alors d’autres albums acclamés par le public comme par exemple « Město ER » (La ville Er) en 1972, « Kolej Yesterday » en 1984 ou « Snad nám naše děti… » (Espérons que nos enfants nous..) paru en 1989. La chanson éponyme de l’album s’intitulera « Snad nám naše děti prominou », soit Espérons que nos enfants nous pardonnent.
Même si Michal Prokop signe en 1977 un pamphlet communiste, sorte d’Anticharte dans le milieu de la musique, il va signer par la suite la pétition demandant la libération de Václav Havel, arrêté lors de la Semaine de Palach, ainsi que le manifeste Několik vět (Quelques phrases), publié au mois de juin 1989 et considéré comme une des prémices à l’effondrement du régime communiste en Tchécoslovaquie quelques mois plus tard.
De musicien à homme politique, d’homme politique à musicien
Michal Prokop & Framus Five, photo: Nazgul03, CC BY 2.0 Generic
Après la Révolution de velours, Michal Prokop, qui intègre le Forum civique (Občanské fórum), mouvement civique constitué des principaux dissidents tchèques, est élu député lors des premières élections libres en 1990. Avec la disparition du Forum civique un an plus tard, Michal Prokop intègrera l’Alliance civique démocrate (ODA) entre 1991 et 1998. Il deviendra notamment adjoint du ministre de la culture et restera député jusqu’en 1998.
Krásný ztráty, photo: ČT
S’il a délaissé sa carrière musicale au profit de sa carrière politique dans les années 1990, il délaissera de nouveau sa carrière d’homme politique pour la musique au début des années 2000, tout en se lançant dans l’animation du talkshow « Krásný ztráty », une émission placée dans un décor de bar et devenue extrêmement populaire. Depuis, un vrai bar à ce nom a été ouvert à Prague. Et si en 2013, Michal Prokop a annoncé la fin de ce programme, il ne semble pas prêt d’annoncer la fin de sa carrière de musicien.
70 ans bien arrosés musicalement
Photo: Supraphon
A l’occasion de ses 70 ans, Michal Prokop a organisé du 12 au 13 août une rencontre musicale qu'il a baptisé «Krásný ztráty », à l’amphithéâtre Loket, situé à côté de la ville de Karlovy Vary. Pour cette rencontre musicale, Michal Prokop a invité nombreux de ses collègues et amis musiciens à se joindre à la fête, ceux de sa génération, ainsi que des plus jeunes, comme entre autres les chanteurs Vladimir Mišík ou Vojtěch Dyk, accompagnés chacun de leur groupe, ou aussi les groupes Tata Bojs et Zrní. Lors de cet évènement, Michal Prokop et son groupe Framus Five se sont notamment produits aux côtés de l’Orchestre symphonique de Karlovy Vary, dirigé par le chef d’orchestre Jan Kučera, afin d’interpréter l’un des albums les plus connus du groupe, intitulé « Město ER », soit La ville ER, et réédité trois fois depuis sa première parution en 1972.