Le Premier ministre bavarois, Edmund Stoiber, photo: CTK
A Nuremberg, au 55e Rassemblement des Allemands des Sudètes, le Premier ministre bavarois, Edmund Stoiber, a, encore une fois, appelé à l'abolition des Décrets du président Benes.
Le Premier ministre bavarois, Edmund Stoiber, photo: CTK
Rappelons, tout d'abord, ce que sont en réalité ces fameux Décrets Benes. Il s'agit d'un ensemble de normes juridiques, signé dans les années 1940-1945 par le président tchécoslovaque, Edvard Benes. Les organisations des personnes expulsées du territoire tchécoslovaque, après la Deuxième Guerre mondiale, mettent surtout en cause les décrets concernant la confiscation des biens et le décret sur la citoyenneté. Ce dernier, à l'exception de certains cas, a confirmé la perte de la citoyenneté tchécoslovaque pour toutes les personnes qui, pendant la guerre, avaient adopté la citoyenneté allemande ou hongroise. Les décrets eux-mêmes ne traitent pas de l'expulsion des Allemands des Sudètes. Celle-ci a été décidée par les puissances victorieuses, à la Conférence de Potsdam en 1945, en raison du rôle que la minorité allemande avait joué lors de l'occupation de la Tchécoslovaquie.
55e Rassemblement des Allemands des Sudètes, photo: CTK
A Nuremberg, le chef du gouvernement bavarois, Edmund Stoiber, a demandé l'abolition des Décrets du président Benes qui, selon lui, n'ont pas leur place dans l'Union européenne et sont injustes. Il a aussi déclaré que la Tchéquie devait condamner l'expulsion et qu'il ne viendrait pas à Prague tant que cela ne serait pas fait. Le Premier ministre tchèque, Vladimir Spidla, a réagi, à la Télévision tchèque, en déclarant qu'il n'était pas préoccupé, outre mesure, par les déclarations d'Edmund Stoiber, en ajoutant : « L'Union européenne a examiné la problématique des Décrets Benes, et cette chose est définitivement close. Je ne compte ouvrir aucune discussion sur cette question ». A Nuremberg, le Premier ministre bavarois a rappelé que son parti, la CSU, avait voté contre l'adhésion de la Tchéquie à l'Union européenne, que les Décrets Benes devaient être abolis, qu'il était prêt à lutter pour cela, même pendant 15 ans, mais qu'il arriverait à les faire disparaître de l'Europe...
Rappelons que le Parlement européen, lors de l'examen des pays candidats, avant l'élargissement de l'Union, au 1er mai dernier, avait déclaré que les Décrets Benes n'étaient pas un obstacle à l'adhésion de la Tchéquie à l'Union européenne. Ces décrets font partie de la juridiction tchèque et ne peuvent être abolis. La Déclaration tchéco-allemande de 1997 a tiré un trait sur le passé. Et, en fin de compte, comme nous l'avons dit au début, ce ne sont pas les Décrets Benes qui ont décidé de l'expulsion des Allemands des Sudètes, mais les vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Union soviétique. Le Landsmanschaft allemand demande donc une chose impossible : ni plus ni moins que la révision de la carte de l'Europe d'après-guerre !