Les anciennes coutumes tchèques de Noël
Noël est à nos portes. Cette belle fête chrétienne a aujourd'hui beaucoup perdu de sons sens primitif. Beaucoup de traditions sont abandonnées, les coutumes anciennes tombent peu à peu dans l'oubli, l'aspect commercial prend le dessus. En réfléchissant sur le thème de cette page d'histoire, la dernière avant Noël, je me suis dit que c'est une bonne occasion de parler de Noël vieux tchèque, des plats et des coutumes typiques.
Le désir de dévoiler le mystère de ce qui nous attend, si c'est le bonheur, la santé et la prospérité, tel a été, en effet, le principal motif de toutes les anciennes coutumes de Noël. L'un des usages établis - l'observation du jeûne pendant toute la journée de Noël, condition indispensable sans laquelle on ne verrait pas le petit cochon d'or. Dans la matinée, on décorait l'arbre de Noël, le plus souvent avec des noix, des pommes rouges, des pains d'épices et des bougies, le tout couronné en haut par une grande étoile dorée de Bethléem.
Jusqu'à la tombée de la nuit, la famille finissait les derniers préparatifs de la table. On mettait la nappe blanche et on avait l'habitude de poser sous la table un petit pot rempli de blé, alors que sur la table, on n'oubliait pas de mettre de l'ail, auquel tous les Slaves adjugeaient une force exceptionnelle, celle de protéger et de fortifier le corps. Autrefois, l'ail revêtait la même importance qui est attachée aujourd'hui à l'arbre et aux gâteaux de Noël. Sur la table, des gousses d'ail se trouvaient toujours à côté de la croix et du chandelier portant des cierges bénits à la Chandeleur. La fermière a encore posé sur la table une miche de pain et un petit pot de miel. Le fermier n'a pas omis d'asperger toute la maison d'eau bénite, n'oubliant pas non plus le feu, pour qu'un incendie ne se déclare pas dans la maison.
Bien que la nuit tombe très tôt la veille de Noël, il était interdit d'allumer la lumière avant que la première étoile ne se lève pas sur le ciel. Tout de suite après, toute la famille s'est mise à table. Avant de manger, le père a prononcé la prière familiale. Comme entrée, le père servait à tous les présents des tartines de miel. S'il lui restait une ou deux tartines, cela signifiait l'arrivée de nouveaux membres dans la famille, et au cas où il en manquait, on disait que quelqu'un devait mourir l'an prochain. Le menu de l'ancien Réveillon tchèque n'était pas le même dans toutes les régions. Ainsi, après le pain de miel, on servait la soupe, le plus souvent la soupe aux champignons, mais partout, le plat appelé "Houbovy Kuba" /orge perlé aux champignons/ était de rigueur. On le préparait avec des champignons secs, de l'orge perlé, du saindoux, des oignons, le tout assaisonné d'ail, de marjolaine et d'un peu de poivre. Les champignons occupaient également une place privilégiée dans la cuisine de Noël, puisqu'une vieille légende leur attribuait une origine céleste. Comme dessert, on servait divers gâteaux et fruits secs, des noix, mais le dessert typique tchèque qui ne pouvait pas manquer, c'était la traditionnelle brioche tressée de Noël /vanocka/ et la roulade aux pommes /zavin/.
Le repas terminé, on ne se levait pas de la table: la coutume voulait que le fermier coupe comme premier en deux la pomme et si une étoile apparaissait au milieu, il pouvait espérer une longue vie et une bonne santé. Par contre, la forme de croix ne laissait présager rien de bon. Le même rite se répétait avec des noix. Après le fermier, tous les autres membres de la famille jouaient ce jeu de hasard.
Après avoir terminé, tout le monde se lève au même moment de la table, car on croyait que celui qui se lèverait le premier, mourrait au bout d'un an. Le moment le plus attendu par les enfants, la distribution des cadeaux qu'a laissés pour eux sous l'arbre décoré le Père Noël.
Ensuite, la soirée continuait avec d'autres coutumes: l'une des plus répandue et qui s'est maintenue jusqu'à nos jours, le lancement des coques de noix à l'eau. Tous les présents jettent sur l'eau leur petit navire muni d'une bougie allumée, et suivant son mouvement, on essait de deviner ce qui l'attend. Chaque fois que la coque traverse l'eau sans problème, cela signifie une longue vie. Si, au contraire, la coque coule, on peut s'attendre à des ennuis. D'autres coutumes étaient pratiquées notamment par les filles désireuses de se marier. C'était surtout la coutume consistant à jeter un soulier derrière la tête. La pointe tournée vers la porte laissait présager un mariage très proche, la pointe tournée vers l'intérieur de la chambre signifiait que la fille resterait encore un an chez les parents.
La fille désireuse de savoir pour quand sera son mariage, devait sacrifier un de ses cheveux sur lequel elle avait attaché son anneau, en le rapprochant d'un verre. Puis, sans bouger la main, elle comptait combien de fois l'anneau tintait contre le verre. Les tintements symbolisent le nombre d'années pendant lesquelles la fille restera encore célibataire.