Les collégiens de l’école Přírodní font revivre le ghetto de Terezín

Une exposition très particulière s’est ouverte ce vendredi dans les bureaux de la section éducation et culture du Musée juif de Prague. Sous l’intitulé Cesta terezínských kluků stále pokračuje (Les garçons de Terezín poursuivent leur voyage), ont peut y découvrir l’impressionant travail des élèves du collège privé Přirodní de Prague sur le ghetto juif de Terezín et sur la revue Vedem, une revue créée par des jeunes garçons du ghetto pendant la guerre.

Editée entre 1942 et 1944 à l’initiative de Petr Ginz, son rédacteur en chef âgé d’à peine quinze ans, Vedem, magazine écrit et illustré à la main, circulait chaque vendredi dans le ghetto, symbole d’espoir et de liberté. Des poèmes, des essais, des satires, des dessins... Voilà ce qu’on trouvait dans la revue Vedem et voilà ce qu’ont fait revivre les élèves de l’école Přirodní à travers leur exposition qui était accompagnée de chants composés par Petr Ginz et chantés par les élèves et leurs professeurs.

En présence de quelques survivants du ghetto qui ont contribué par leurs donations et leurs souvenirs à la réalisation de l’exposition, les élèves présentent un travail commencé en 2011 avec un projet de recherche sur la vie dans le ghetto, et qui s’est poursuivi en se concentrant sur les jeunes et leur créativité. Filip, l’un des élèves à l’origine de l’exposition, explique son intérêt pour le projet :

« Ce magazine que vous pouvez voir à l’exposition est un très bon exemple qui montre que Terezín n’était pas seulement un lieu de supplice. Nous voulions que tout le monde sache qu’il y a quelque chose au-delà de l’holocauste. Bien sûr que c’était quelque chose de très triste, mais les gens et les enfants là-bas étaient forts et talentueux. Ils ont trouvé les ressources pour faire des choses importantes et intéressantes. »

Jiří Brady,  photo: Archives de CRo7
Très motivés, les élèves sont mêmes allés jusqu’au Canada et à Toronto pour retrouver un survivant du ghetto contributeur de la revue Vedem. Jiří Brady, qui était présent pour le vernissage de l’exposition via internet, est revenu avec émotion sur ses souvenirs de Terezín et sur la création de cette revue.

« Nos réunions, notre hymne et cette revue ont complètement changé nos vies. La cérémonie avait lieu tous les vendredis, nous chantions notre hymne puis lisions la revue avant d’en débattre. Très souvent, nous invitions des écrivains ou des musiciens à nos réunions. Pour nous, Terezín a été horrible, mais dans cette horreur, la création de ce magazine était une grande aide. C’était une expérience magnifique et je suis heureux que, grâce à cette école, tout le monde ait la possibilité de voir notre travail. J’espère que ce sera pour vous aussi une expérience bénéfique pour toute votre vie. »

Cette exposition représente un immense travail de recherche et de mémoire de la part de ces élèves souvent très jeunes qui se sont beaucoup investis dans le projet. De quoi rendre fier le grand-père de l’une de ces élèves, dont l’histoire est directement liée à celle du ghetto :

« Ma mère a passé plusieurs mois à Terezín. Heureusement elle y a survécu. Aujourd’hui, les petits-enfants s’intéressent à l’histoire, à ce qui s’est passé. Nous pensons que c’est important de toujours rappeler ce qu’il s’est passé pour éviter que ça puisse se répéter. »

A travers le regard des nouvelles générations, c’est tout un pan de la mémoire tchèque qui renaît. Une exposition à découvrir au bureau de la Section culture et éducation du Musée juif de Prague jusqu’au 25 janvier.