Les journalistes, peuvent-ils protéger leur source d'information ?
En République tchèque également, semble-t-il, le temps est venu de définir - ou défendre, si vous voulez - le rôle des médias dans les situations susceptibles d'être en collision avec les dispositions de lois autres que celle sur la presse. Jan Uhlir fait le point.
A l'origine de tout cela, une sale affaire, née, dit-on, au sein de l'équipe des conseillers du Premier ministre, et visant à jeter le discrédit sur la vice-présidente du parti social-démocorate, Petra Buzkova. Cette affaire dite « Olovo » (Plomb - Pb) vient d'engendrer un autre conflit dont surtout les journalistes attendent avec impatience le dénouement.
Un bref récapitulatif d'abord. En mai dernier, deux journalistes du quotidien Mlada fronta Dnes, Sabina Slonkova et Jiri Kubik, informent de l'existence d'un texte obscur qui aurait vu le jour dans l'entourage du chef du cabinet Milos Zeman. Texte qui est en réalité un plan stratégique devant mettre un terme, en dernière phase, à la carrière politique de Petra Buzkova. Quoique, ou, peut-être, parce qu'elle jouit d'une cote sans pareille. Suit une avalanche de réactions de tous côtés que les médias publient volontiers en période de vacances. Jusqu'ici, rien de particulier. La rupture de l'habituel vient avec la décision du juge d'instruction chargé d'enquêter sur l'affaire. Ce dernier finit par accuser trois personnes : un certain Vratislav Sima, conseiller du Premier ministre, présumé auteur du texte en question, et, hélas!, les deux journalistes précités. Le chef d'accusation dans leur cas : refus de révéler leur source d'information. L'affaire a ainsi pris un tournant qui n'a pas tardé à choquer l'ensemble des médias tchèques. Qui a même contraint le président de la République à arrêter les poursuites pénales contre les journalistes. C'est justement là que nous en sommes maintenant. Grâciés par Vaclav Havel, Sabina Slonkova et Jiri Kubik sont pourtant déterminés à pousser leur cause jusqu'au verdict définitif. A la recherche d'un précédent légal concernant la protection des informateurs des journalistes, leur affaire revêt effectivement une importance particulière : c'est la liberté de la presse, rien de plus et rien de moins, qui est désormais en jeu.