Les lapins du Premier ministre

Vladimir Spidla

Lors de cette émission, nous allons nous attacher à la question essentielle en Tchéquie par les temps qui courent : Où trouver l'argent pour couvrir les séquelles des inondations. Ce problème, le gouvernement semble lui avoir trouvé un système de solutions partiel seulement, dans la mesure où il ne couvre pas la totalité des dégâts. Et, de la bouche même du Premier ministre, Vladimir Spidla, la bourse à remplir va faire mal. Voyons tout cela de près...

Lors de cette émission, nous allons nous attacher à la question essentielle en Tchéquie par les temps qui courent : Où trouver l'argent pour couvrir les séquelles des inondations. Ce problème, le gouvernement semble lui avoir trouvé un système de solutions partiel seulement, dans la mesure où il ne couvre pas la totalité des dégâts. Et, de la bouche même du Premier ministre, Vladimir Spidla, la bourse à remplir va faire mal. Voyons tout cela de près...

Comme à tous les coups, la première augmentation à venir à l'esprit frappe les alcools forts et les cigarettes, à quoi s'ajoute le blocage des salaires dans la fonction publique. C'est que 100 000 citoyens sont directement touchés par les inondations. L'Etat ne pourra pas tout leur rembourser. Mais il remboursera quand même quelque 90 milliards de couronnes. Introuvable dans le budget de l'Etat, le seul moyen, augmenter la recette publique. Telle est le cheminement du raisonnement du gouvernement, décidé à faire, à partir de l'an prochain, un plongeon dans les poches pas seulement des fumeurs et des consommateurs des alcools forts ou les gens qui touchent des salaires élevés, mais même dans les poches de l'instituteur, le pompier, le policier et le fonctionnaire en général.

La semaine dernière, déjà, le gouvernement avait déclaré son intention d'augmenter l'impôt sur la consommation des cigarettes et des alcools, au moins jusqu'au niveau des prélèvements dans les pays de l'Union européenne. L'imposition démarrera au 1er janvier 2003, et le projet de loi sera soumis au Parlement dès la session de septembre. Le gouvernement projette aussi de faire passer des produits, pour ce qui est de la TVA, de la catégorie des 5% de prélèvement à la catégories des 22%.

Les partis représentés au Parlement, à l'exception du Parti civique démocrate (ODS) de Vaclav Klaus sont en principe d'accord avec la décision du gouvernement de coalition de frapper d'une augmentation exceptionnelle l'imposition des hauts revenus. Jusqu'à présent, leurs revenus ont été imposés à concurrence de 32% tandis que le projet situerait le prélèvement aux environ de 37%. Mesures impopulaires ? Peut-être pas, elles ne toucheraient, en principe, que 15 000 personnes.

De leur côté, les fonctionnaires vont devoir dire adieu à l'augmentation de 13,2% promise par l'Etat pour janvier 2003. Dans le même temps, il faudrait vraisemblablement s'attendre à la renonciation, par le gouvernement, àde l'élargissement des catégories salariales, ce qui se traduit toujours par des augmentations. Toute une acrobatie qui permettrait à l'Etat de faire économie de 10 milliards de couronnes. On est loin de couvrir les 90 milliards dont a besoin M. Spidla en qualité de Premier ministre. Mais faisons-lui confiance, il a plus d'un lapin dans son chapeau.

Là où le bât blesse dans cette affaire et où il reste à espérer que les choses soient revues de nouveau, est qu'on ne mettra apparemment pas beaucoup de doigté dans la suspension de la valorisation des salaires du secteur public. En effet, c'est automatiquement et presque aveuglément qu'il est prévu que le gel des salaires frappe aussi les pensions retraite et les dotations à la sécurité sociale. Ainsi l'Etat pourrait réduire ses dépenses d'un petit milliard de couronnes. Faudrait-il vraiment le faire dans l'état actuel des pensions ? Mais le ministère des Finances est là pour nous rassurer sur le reste. Le gouvernement ne cherchera pas des sources de compensation des dépenses dues aux inondations en diminuant les dépenses budgétaires. Il se contenterait de jouer sur la répartition des enveloppes au profit des secteurs les plus touchés par les inondations. Donc, dès le prochain budget, il faudrait s'attendre à ce que les autorisations de dépenses soient revues dans ce sens. C'est à se demander si le délai sollicité et obtenu, par le Premier ministre, pour réviser le budget, au plus tard fin octobre, suffirait. Seront révisées, sans doute et à titre d'exemple, les subventions sociales, le soutien de l'Etat aux hypothèques et à l'épargne immobilière et le service de la dette.

Avec tous ces prélèvements qui vont tout au plus couvrir les dégâts des inondations à concurrence de 20 milliards de couronnes, les assurances se mettront à leur tour de la partie. Nous disons 20 milliards de couronnes en tout et pour tout, quoique les chiffres se contredisent sur la question. Pour le manque à gagner, en tout cas, le gouvernement compte sur les réserves de l'Etat, quelque 30 milliards de couronnes de l'Union européenne, les victimes des inondations elles-mêmes, et l'aide internationale.

Quant aux carburants, ils vont augmenter, les ministres en sont convenus. Si le projet de loi, tel qu'il sera concocté est adopté par le Parlement, la boîte de cigarettes prendra 2,5 couronnes. Les alcools forts prendront, par demi-litre 10%. Ce sera quand même 10 couronnes de plus sur une bouteille de 100 couronnes et 20 couronnes de plus sur 200 couronnes. Mais il est tenu compte, dans ces augmentations, des augmentations attendues lors des années suivantes. Les fumeurs de la cigarette Petra, par exemple, doivent se préparer à payer 70 couronnes le paquet de cigarettes en 2007, comme le voudraient les normes de l'Union européenne dont la Tchéquie ferait partie à cette date. Pour la comparaison, le paquet de cigarettes Petra coûte aujourd'hui 40 couronnes.

Auteur: Omar Mounir
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