Les œuvres d’Anne Sarrazin exposées au jardin botanique de Prague

Photo: Benoît Rouzaud

Par un temps caniculaire, mais à l’ombre des arbres, l’artiste plasticienne et graphiste française Anne Sarrazin a dévoilé dimanche à Prague ses dernières créations. Avec le concours de l’Institut français, le public de la capitale tchèque a ainsi pu découvrir la collection d’œuvres, intitulée « Paysage vu et caché », dans l’écrin de verdure du Jardin botanique.

Anne Sarrazin | Photo: Benoît Rouzaud,  Radio Prague Int.
Un lieu de présentation somme toute logique pour cette artiste au trait de pinceaux végétal, obsédée par la place de l’Homme dans la nature. Dans la continuité de cette première, les tableaux seront ensuite visibles du 16 août au 19 septembre à la Galerie CoCo à Dobrš, au sud de la Bohême. En attendant, Anne Sarrazin s’est présentée, avant de confier son enthousiasme d’exposer en République tchèque au micro de Radio Prague:

« Je suis graveur-plasticienne et je suis fortement inspirée par l’univers du végétal et de l’humain, du corps. Je dessine beaucoup dans les jardins, dans les musées. Toutes les pièces historiques du patrimoine sont pour moi une source d’inspiration ».

Photo: Benoît Rouzaud
Dimanche, au Jardin Botanique de Prague (ndlr : Botanická zahrada hlavního města Prahy, dans le quartier de Troja), vous avez exposé votre dernière collection « Paysage vu et caché ». Est-ce que vous pouvez nous présenter en quelques mots ces œuvres ?

« Alors, il s’agit avant tout de recherches graphiques liées à une observation d’orchidées traitées de manières calligraphiques sur lesquelles sont venues s’ajouter des petites figures, des petites formes de matrices tricotées qui viennent s’ajouter à cette calligraphie. D’autre part, je me suis inspirée de fragments de la collection d’Antique de Monsieur Rodin, ce sculpteur français émérite (1840 – 1917) ».

Certaines de vos œuvres semblent pourtant aussi s’inspirer des travaux artistiques d’Henri Michaux (ndlr : écrivain-poète et peintre français d’origine belge 1899-1984)…

Photo: Benoît Rouzaud
« Les travaux de graphie et d’écriture d’Henri Michaux m’intéressent forcément. Notamment parce que, pour moi, chaque signe dans la page devient comme un personnage dans une pièce de théâtre ou dans un spectacle de danse. La référence à Michaux est donc certaine. J’ai cherché à créer mes propres matrices avec des ficelles, des cordes que j’ai tissées, tricotées, crochetées pour en faire des matrices à imprimer. Ma formation de graveur fait que je suis toujours obsédée par l’impression ».

Du coup, on comprend mieux le lien avec le lieu d’exposition le Jardin Botanique de Prague. Mais on peut se demander quel lien vous entretenez avec Prague et la République tchèque ?

« Tout d’abord, le Jardin Botanique, c’est un lieu que je fréquente dans toutes les villes où je passe. Cela fait partie des lieux qui nourrissent mon travail parce que je dessine beaucoup. L’année dernière je suis venue dans la grande serre de Prague dessiner avec mon amie Lucie Crocro. Nous continuons à travailler ensemble cette année. Mais, c’est une aventure qui date de presque trente ans. Prague, c’est pour moi une histoire d’aventure avec des gens parce qu’étudiante j’ai rencontré Lucie, elle-aussi, étudiante en art à Prague. Nous avons décidé d’organiser un échange entre nos deux classes. Une classe des arts appliqués de Paris est venue à Prague et une classe de l’école des arts appliqués de Prague est venue à Paris en 1986 ou 1987, avant la « Révolution de Velours ». C’était pour nous une expérience formidable de part et d’autre. »

Comment le public praguois a-t-il accueilli vos œuvres lors de cette présentation ?

« Cela a été très intéressant. Il y a eu beaucoup de questions et d’enthousiasme par rapport à ce que j’ai présenté. Il y avait une partie de recherche graphique et une partie plus profonde. J’ai toujours trouvé ici des gens très ouverts, sensibles et intéressés avec qui partager quelque chose d’essentiel. A chaque fois que je reviens, je retrouve cette qualité d’écoute. »

L’exposition « Paysage vu et caché » va poursuivre son chemin en République tchèque et s’installer en Bohême du Sud.

Photo: Benoît Rouzaud
« Exactement. Nous partons à Dobrš, en Bohême du Sud dans un petit village médiéval avec un château qui garde les traces du passé témoignant d’un patrimoine riche. Mes trois amis et moi allons y installer une exposition avec une forte présence du dessin. Il s’agit de Lucie Crocro et Michal Bouzek qui est plasticien et proposera des collages. Nous avons un bel espace à disposition et nous allons vous proposer quelque chose de fort et riche en diversité d’expression. Nous avons trois écritures différentes mais nous partageons le même goût pour le paysage et la nature, donc une belle association de talents. »

Plus d’information sur le projet Loukamosaic à Dobrš : http://www.femancipation.com/

Le blog d’Anne Sarrazin : http://anne.sarrazin.overblog.com/