Les patients tchèques, savent-ils se défendre contre les erreurs médicales?

De plus en plus d'erreurs médicales aboutissent à des poursuites judiciaires en République tchèque. Le dédommagement des victimes d'erreurs laisse cependant toujours à désirer.

Un homme auquel les médecins ont enlevé le rein sain au lieu du rein malade a obtenu une indemnisation de 400 000 couronnes, soit l'équivalent de 13 000 euros. Un médecin ayant causé la mort d'un bébé d'un an a offert aux parents 10 000 couronnes. Une femme, que les médecins ont stérilisé à son insu et qui a réclamé 2 millions et demi de couronnes, a dû se contenter de 100 000.

Ces quelques cas récents les plus déplorables montrent quelle valeur est attachée à la santé et à la vie, dans la société tchèque actuelle. Cette dernière ne s'est toujours pas habituée à réclamer des dommages et intérêts pour un mauvais diagnostic ou pour le décès de leur proche à la suite d'une erreur médicale. Les raisons résident, en partie, dans le passé où un dédommagement était considéré comme immoral. Aujourd'hui encore, les demandes de dédommagement constituent une faible proportion des plaintes déposées par les patients contre les médecins, un cinquième seulement, le reste sont des causes criminelles. Dans les pays de l'Union européenne, cette proportion est juste l'inverse.

Une émancipation des Tchèques est nécessaire, estime David Rath, président de l'Ordre des médecins, selon lequel une tendance positive commence déjà à se manifester. Les Tchèques deviennent plus responsables de leur santé, l'opinion est informée des erreurs médicales. La tendance de traduire les médecins en justice au lieu de demander un dédommagement persiste cependant toujours. L'avocat des patients, Klara Samkova, estime que les Tchèques doivent apprendre à calculer sans émotion la valeur de la santé et de la vie. Si un enfant de 3 ans meurt parce que le médecin est arrivé trop tard, un dédommagement de 4 millions de couronnes n'est point exagéré, souligne-t-elle. Et d'attirer l'attention sur le fait que la République tchèque vient de se joindre à la Convention européenne sur les droits de l'homme et la biomédecine qui l'oblige à payer un dédommagement pour les préjudices causés.