Les plus beaux sons de Prague : apprendre à écouter
La ville, ce sont des bâtiments, des rues, des statues, des gens, des choses à voir et à toucher. Mais la ville, c’est aussi un environnement sonore. Il y a un an, un projet a vu le jour sur Internet dans le cadre d’une collaboration germano-tchèque de pièces radiophoniques. Ce projet s’appelle « Les plus beaux sons de Prague ».
L’idée ? Inciter les gens à écouter la ville qui les entoure et à enregistrer les sons qui leur plaisent avant de les archiver sur le site web prévu à cet effet. Si l’idée a quelque chose de poétique, de captage de l’éphémère et de l’impalpable, pour les auteurs du projet, le but était aussi de susciter un débat entre les intervenants. Miloš Vojtěchovský :
« Le but était de susciter une discussion sur l’environnement dans lequel nous vivons. L’objectif était peut-être un peu utopique, on pensait que plus de gens participeraient. On souhaitait créer un groupe de discussion qui pourrait se transformer en association pour protéger certains lieux. Mais à Prague, je crois que c’est difficile. »
Miloš Vojtěchovský se veut réaliste sur la capacité d’engagement des Pragois dans ce type d’initiative. Si le nombre de sons enregistrés depuis un an avoisine les 300, il reconnaît que la participation est bien moindre qu’à Londres, où est né le projet dont ce site web s’inspire. Mais il ne renonce pas puisqu’il devrait y avoir à l’automne quelques rendez-vous radiophoniques en collaboration avec des radios allemandes sur ce thème. Pour participer à cette plateforme sonore, rien de plus facile comme l’explique Miloš Vojtěchovský :
« Celui qui veut enregistrer ses sons sur le site doit avant tout apprendre à écouter. Ensuite, il peut essayer de capter le son qui lui a plu, avec son téléphone portable ou un autre moyen. Il faut convertir le son en .mp3 mais si on ne sait pas le faire, il est possible de nous envoyer le son brut. »
Dans le désordre, on retrouve ainsi pêle-mêle des sons attendus et inattendus comme les cloches de l’église de Vyšehrad, les enregistrements du métro de Prague, des oiseaux dans le quartier de Baba, la pluie dans celui de Vinohrady, le grincement d’une fenêtre, le son des sacs plastiques dans les magasins. Courts, longs, silencieux ou bruyants, mécaniques ou vivants, cette mosaïque de sons crée une sorte de carte sonore de la ville... Il y a de cela trois ans, Radio Prague avait rencontré le chanteur français Rodolphe Burger qui s’étonnait de l’absence d’un son...
« Je suis plutôt frappé par le fait que je n'ai encore rien entendu. On s'attendrait à avoir des sons de cloche de partout vu le nombre de clochers et d'églises. Et on n'en entend pas ! C'est plutôt ça qui me surprend. »
Pour Miloš Vojtěchovský, il n’y a pas de son typique de Prague, pas plus que lui n’a de son préféré de la capitale tchèque :
« Mon son préféré de Prague change constamment au fur et à mesure que je le cherche. En fait je dirais qu’il y a plutôt beaucoup de sons que je ne trouve pas beaux, qui me sont désagréables. Ce sont les sons de l’industrie, ou le bruit de la circulation. Je suis allergique à la musique dans les bars et les restaurants. Donc je recherche plutôt les sons plus ‘silencieux’ qui sont écrasés par le bruit dominant. »
Et pour écouter ou participer à ce forum sonore, rendez-vous sur le http://panto-graph.net/favouritesounds.