Les premières de l’Opéra de Paris en direct (ou presque) à l’Institut français de Prague

'Songe d’une nuit d'été', photo: Agathe Poupeney / OnP

Fille de Neige, Cendrillon, Songe d’une nuit d’été, Roméo et Juliette, Cyrano de Bergerac… Pour suivre la création de l’Opéra national de Paris, de la Comédie-Française, ou encore du festival d’Aix-en-Provence, les spectateurs pragois n’ont plus besoin de se déplacer en France : l’Institut français de Prague leur propose, à partir de ce jeudi et jusqu’à la fin de l’année, un cycle d’opéras et de spectacles filmés, retransmis en direct ou présentés quelques jours seulement après la première. Lancé en 2013 par l’Institut français de Prague, ce projet va de pair avec les retransmissions en direct des opéras du Metropolitan de New York qui remportent beaucoup de succès auprès du public tchèque. Alexandre Pajon, attaché culturel à l’Institut français de Prague, nous explique ce qui fait la différence entre les deux projets.

Alexandre Pajon,  photo: Eva Kořínková / Site officiel de l'Institut français de Prague
« Les opéras du Met sont conçus pour le public new-yorkais, ils visent à s'adapter aux critères de la diffusion commerciale. C’est un répertoire classique avec, sauf exception, des mises en scène assez conventionnelles qui mettent à l’honneur les plus grandes voix, les plus grands chefs. C’est très bien, mais cela ne nous paraît pas être à la hauteur de ce qui se passe dans le domaine de l’opéra dans le monde, à Berlin, à Paris ou à Aix-en-Provence. Même si nous montrons aussi des œuvres de répertoire classique, nous essayons toujours de promouvoir les créations. Par exemple, nous présenterons, dans les semaines à venir, ‘La Fille de Neige’ un opéra de Rimski-Korsakov mis en scène, à l’Opéra de Paris, par Dmitri Tcherniakov, un metteur en scène réputé en Russie, mais que l’on ne connaît pas trop en Europe. Il représente une génération montante des quadragénaires, comme Guillaume Gallienne, membre de la troupe de la Comédie-Française, acteur de cinéma et… metteur en scène. Nous allons présenter, juste après sa première à Paris, sa mise en scène de ‘La Cenerentola’ : ce sera alors Rossini vu par quelqu’un qui n’a pas encore quarante-cinq ans. C’est un renouvellement du regard et de l’écoute qui est assuré, un renouvellement encore plus prononcé dans le cas du festival d’Aix-en-Provence qui est une scène expérimentale de très haute qualité, avec de jeunes voix et de jeunes chefs. A la différence du Met, nous voulons proposer au public quelque chose de plus rafraîchissant. »

'Songe d’une nuit d'été',  photo: Agathe Poupeney / OnP
La série de retransmissions de l’Opéra national de Paris débute ce jeudi 23 mars, avec le ballet « Le Songe d’une Nuit d’été », une chorégraphie de George Balanchine sur la musique de Felix Mendelssohn-Bartholdy. Quelle est la particularité de cette création ?

« C’est un ballet classique de l’Opéra de Paris, une œuvre bien connue sur le plan de la chorégraphie. Ce qu’il y a de plus, ce sont évidemment les costumes de Christian Lacroix. Mais surtout, il est intéressant de suivre l’évolution du corps de ballet de l’Opéra de Paris. Il s’est doté d’une nouvelle direction et ce changement a été très discuté. Nous pouvons ainsi découvrir une nouvelle génération de danseurs étoile. Voilà l’intérêt pour les mélomanes, les amateurs de ballet : ils peuvent aller s’asseoir, au centre de Prague, pour un tarif modique, et continuer de se nourrir de la création telle qu’on la promeut en France. »

Vous évoquez les tarifs très abordables. Par ailleurs, les retransmissions des spectacles présentés cet été au festival d’Aix-en-Provence seront gratuites.

« Nous ne sommes pas dans une logique commerciale, c’est une logique de rayonnement. Lorsque le festival met à disposition les enregistrements ou la projection en direct de ses opéras, les acteurs abandonnent leurs droits, à condition qu’on ne fasse pas payer les retransmissions. Nous proposons donc au public des spectacles gratuits. Vous avez le choix entre une place à Aix qui coûte entre 70 et 150 euros et la possibilité de suivre l’opéra dans la fraîcheur de notre cinéma en direct. En ce qui concerne les autres opéras et retransmissions de spectacles de la Comédie-Française que nous organisons avec le cinéma Lucerna, nos tarifs n’excèdent jamais 250 couronnes (environ 10 euros, ndlr).

Au total, la programmation inclut une dizaine de spectacles d’ici la fin de l’année…

'Songe d’une nuit d'été',  photo: Agathe Poupeney / OnP
« En collaboration avec la salle de cinéma Lucerna, nous présenterons ‘Le Misanthrope’, ‘Roméo et Juliette’ et ‘Cyrano de Bergerac’ dès la rentrée. Nous sommes en train de préparer le programme pour cet été, mais comme nous sommes tributaires de la programmation du festival d’Aix-en-Provence, le public pragois ne saura qu’au mois de juin quels seront les quatre ou cinq opéras qu’il pourra suivre chez nous. »

Quelques dates à retenir : après la retransmission du ballet ‘Le Songe d’une Nuit d’été’, le jeudi 23 mars au Kino 35 de l’Institut français de Prague, l’Opéra de Paris propose au public pragois, le 25 avril prochain, l'opéra ‘La Fille de Neige’ suivi de ‘La Cenerentola’, le 20 juin prochain.