Les premiers quintuplés tchèques inspirent des changements législatifs

Les quintuplés tchèques, photo: ČT

Plus d’un demi-siècle après la venue au monde des premiers quadruplés tchécoslovaques, en 1959, les premiers quintuplés sont nés en juin 2013. Suivis de près non seulement par les services sociaux mais aussi par les médias, leur première année en famille a notamment fait l’objet d’une série documentaire de la télévision publique. Récemment, c’est la marraine des quintuplés, une employée du ministère du Travail et des Affaires sociales, qui a soulevé des controverses par son interview accordée à un magazine tchèque dans laquelle elle a dévoilé des détails de la vie intime de la famille. En réaction, la ministre Michaela Marksová Tominová a annoncé des changements législatifs visant à élargir la gamme des services dont peut bénéficier une famille qui serait concernée par des naissances multiples.

Les quintuplés tchèques,  photo: ČT
Klára Vítková Rulíková est employée du ministère du Travail et des Affaires sociales. Elle est également présidente de l’association de soutien aux familles de jumeaux et à celles ayant connu des naissances multiples, et responsable d’un compte bancaire destiné à recueillir l’aide financière pour la famille des quintuplés. La publication de son interview a soulevé des polémiques sur l’éthique de son travail et son assistance. Dans ses propos, elle a surtout relevé le fait qu’il s’agissait d’une famille rom dont le mode de vie est incompatible avec sa vision d’éduquer les enfants et qui pourrait à terme perdre des enfants faute de son incapacité de s’en occuper ou à gérer les questions financières. La présidente du Comité Helsinki, Táňa Fischerová a réagi par rapport à cette prise de position :

« Elle a détruit ses propres efforts passés en se rangeant, en quelque sorte de l’autre côté, d’autant plus qu’elle en a parlé publiquement. Je pense qu’elle a compromis non seulement la famille mais aussi elle-même. Cette interview révèle que la dame souhaite éduquer les gens à sa manière. Il y a bien d’autres familles qui bénéficient d’aides sociales et l’Etat ne va pas les contrôler pour savoir si elles sortent régulièrement les poubelles. Il s’agit d’apporter de l’eau au moulin de tous les xénophobes. »

Klára Vítková Rulíková avec le père des quintuplés,  photo: Adam Kebrt,  ČRo
La ministre Michaela Marksová-Tominová s’est distanciée des propos de son employée. Elle a également affirmé que le débat autour de la famille des quintuplés a mis en lumière les défauts du système du soutien social. Depuis l’accouchement, la mère des quintuplés reçoit une allocation de maternité de 7 500 couronnes (270 euros) qui ne prend nullement en compte le nombre d’enfants nés. Le ministère a dû chercher d’autres moyens pour lui attribuer une aide supplémentaire, et ce notamment en versant ponctuellement une subvention de 51 000 couronnes (1 847 euros) dans le cadre du programme de soutien aux personnes touchées par un événement exceptionnel, comme une catastrophe naturelle ou un accident écologique. En se basant sur l’expérience de la famille des quintuplés, des modifications législatives sont désormais prévues pour soulager la vie quotidienne des familles concernées par des naissances multiples :

Michaela Marksová-Tominová,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Le changement principal dans la loi concerne le type d’assistante dont peut bénéficier la famille. Actuellement, on envoie une seule assistante qui, toutefois, ne s’adonne qu’à des tâches ménagères et domestiques, et n’apporte donc pas d’aide qui concernerait directement les enfants. Elle n’est pas une nourrice. Et c’est ce qui est voué à changer. Le ministère participe également au financement des autres nourrices de la famille dont la présence va au-delà du minimum auquel la famille a droit et cela à travers une subvention accordée à l’association du soutien aux familles concernées par des naissances multiples. »

Les quintuplés tchèques,  photo: ČT
A l’avenir, la ministre Michaela Marksová-Tominová envisage de détailler les critères de sélection des travailleurs sociaux ainsi que de créer une chambre professionnelle réunissant ses spécialistes. Les changements législatifs sont inclus dans un projet plus large dont la mise en œuvre est prévue dans deux ans. D’ici-là, une nouvelle naissance de quintuplés ou même de quadruplés est peu probable. Néanmoins, les familles déjà concernées devront subsister dans le système actuel malgré ses défauts, ettout en dépendant notamment de donations privées.