Les sommets et les déceptions du Printemps de Prague
Le festival Printemps de Prague, a proposé au public plusieurs récitals de chant d'un haut niveau. Après le succès de la cantatrice Magdalena Kozena, le public de la grande salle du Rudolfinum a eu l'occasion d'admirer le baryton allemand, Mathias Goerne. Cet artiste de 35 ans, qui préfère le lied à l'opéra, a présenté le célèbre cycle, La Belle meunière, de Franz Schubert. La critique a apprécié la délicatesse du ton, la voix d'une suavité exceptionnelle, la profondeur de l'inspiration, les accents saisissants et l'art suprême avec lequel le chanteur a su évoquer cette histoire d'un amour tragique. Bien que l'artiste ne soit pas encore très connu en République tchèque (il restait des places vides dans la salle), à la fin du récital, le public, debout, lui a rendu hommage par de longs applaudissements. Il y a eu, cependant aussi, une déception. Robert Craft, ami intime et grand propagateur d'Igor Stravinski, qui devait diriger au festival Le Sacre du printemps, a été obligé de décevoir le public et d'annuler sa participation. Les médecins auraient déconseillé à cet homme de 79 ans le voyage à travers l'Atlantique. Le festival a perdu, ainsi, une des grandes vedettes. Ceux qui espéraient entendre, grâce à Robert Craft, l'interprétation authentique du Sacre du printemps de Stravinski, composition qui avait révolutionné la musique classique et avait été comparée par Honegger à la bombe atomique, ont été obligés de se contenter du chef d'orchestre hollandais, David Porcelinj. Ce dernier a repris les engagements de Robert Craft, non seulement à Prague, mais aussi à Bratislava et à Ostrava.