L'exploitation de la misère des autres

Les demandeurs d'emplois en Tchéquie découvrent des pièges qui ont fait leur temps en Occident, mais qui, ici, font encore recette. C'est le cas de le dire, s'agissant notamment d'escrocs qui proposent de fausses opportunités de travail et se font des fortunes sur le dos de chômeurs, parfois pères de famille. Omar Mounir.

Une société dont le nom est non spécifié, se serait fait beaucoup d'argent sur le dos de jeunes, alléchés par une intéressante proposition : un travail saisonnier dans la cueillette de la tomate aux Canaries, en été. Pour la vraisemblance, on demandait 120 personnes. Sans succès, des victimes de toute la République ont attendu l'autobus à la gare principale de Prague, présumé les transporter jusqu'en Espagne, d'où ils devaient s'envoler pour l'archipel des vacances payées.

L'annonce, régulièrement publiée dans un journal, datait de juin. Les candidats devaient envoyer à une adresse la somme de 8000 couronnes, environ 1454 FF, avant le 15 juin. Le jour "J", ceux qui ont payé et se sont rendus au lieu de départ, voyant que l'autobus n'arrivait pas, ont téléphoné au numéro figurant sur l'annonce pour apprendre du répondeur automatique que l'abonné n'existait plus.

Les escrocs se sont attaqués, de préférence, aux villages des régions durement touchées par le chômage comme la Moravie du nord où, de surcroît, les salaires sont généralement bas. Un jeune raconte sa mésaventure. Un jour, lui et ses camarades ont vu débarquer un individu dans le village ; il proposait du travail dans le bâtiment à Détroit, aux Etats-Unis. La somme à payer au préalable était de l'ordre de 10.000 couronnes, un peu moins de 2000 FF, pour le visa et l'assurance. Un contrat avec entête était dûment signé. Au bout de plusieurs mois d'attente, les jeunes victimes contactent l'agence en question. Le directeur n'était au courant de rien. Une plainte était déposée. Pas même l'Etat n'est épargné. La loi propose une prime de 80.000 couronnes, quelque 14.500 FF par poste de travail créé. Des individus sans scrupules ont créé de fausses sociétés et de faux postes de travail avant de toucher les primes et de disparaître. L'Etat aurait ainsi perdu plusieurs millions de couronnes.

Auteur: Omar Mounir
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