L’exposition « Beautiful people et la blessure secrète » fait escale à Prague (suite)

Photo: Jenny Gage, Sans titre no10, 1996

« Beautiful people et la blessure secrète » est une exposition collective qui a ouvert ses portes dans l’ancien Hôtel de ville de Prague. Suite aujourd’hui de l’interview avec Hilde Teerlinck, directrice du Fonds Regional d'Art Contemporain (FRAC) Nord-Pas-de-Calais, d’où proviennent les œuvres exposées. Elle a commencé par évoquer les oeuvres tchèques qui font partie du fonds...

« Jiří Kolář, c’est une pièce qui est dans la collection depuis 20 ans. C’est une très belle pièce, elle va très bien avec l’exposition parce que c’est un portrait, une peinture d’Ingres. Ingres a toujours voulu styliser, faire les femmes plus fines, plus maigres, plus élégantes. Jiří Kolář, lui, a manipulé l’image pour justement l’élargir et rendre le portrait plus rond, exagérer l’effet. C’est vraiment une très belle pièce. Koudelka a eu une toute autre trajectoire, il a vécu longtemps en France et a travaillé pour l’agence Magnum. C’est un très grand photographe. On présente là quelques photos qu’il a prises fin 1960 - début 1970. »

D’où aussi je suppose, la beauté et la blessure secrète, pour ce sujet sensible de la communauté rom...

« Tout à fait, la beauté peut se trouver dans tout ce qui est considéré comme pas vraiment esthétique, c’est là que se cache la vraie beauté. »

Je crois savoir que c’est aussi une exposition itinérante. J’ai vu qu’elle avait déjà pas mal circulé, en France notamment...

« Le FRAC a cette envie de faire circuler ses expositions. Elle a été montrée en Alsace à côté de Bâle, l’expo a voyagé au nord de la Hollande, a été montrée à côté de Barcelone. Et là, la dernière étape, c’est ici à Prague. Ca a donc circulé à travers l’Europe et a eu des critiques très positives et des regards très différents. Ca dépendait du pays, de la culture : les normes de beauté et la façon de voir les choses sont différentes dans les différents pays. Même si on parle de l’Europe, on a des façons différentes de voir les choses. »

L’avez-vous ressenti dans les réactions des gens par exemple ?

« Oui, car quand on l’a présenté en Hollande, au même moment il y avait un reportage d’une jeune cinéaste qui avait fait un travail sur les opérations de chirurgie esthétique poussées à l’extrême. Le film était sorti deux semaines avant le vernissage, la cinéaste a été invitée au vernissage. Comme c’est un film à la fois très réaliste et qui est allé à l’extrémité des choses, avec un aspect choquant, l’exposition a pris une autre tournure et a été considérée à travers ce point de vue. Ce n’était pas la même chose en Espagne parce qu’il n’y avait pas ce contexte-là. Donc, en Hollande, le contexte avait aidé. Je me demande donc comment le public tchèque va réagir à une exposition qui est passée dans d’autres pays et qui porte quand même un thème très universel. »

Et ils auront l’occasion de s’en rendre compte assez longtemps puisque l’exposition dure environ deux mois.

« Oui, c’est deux mois. Et comme il y a une sélection de six ou sept vidéos, on a mis un système en place où les gens peuvent venir, s’asseoir et regarder, ou encore revenir voir les œuvres. »

L’exposition s’achèvera le 18 janvier 2009.