L'histoire des prénoms portés par les Tchèques (4e partie)

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Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Quatrième partie de notre série consacrée à l'histoire et aux origines des prénoms portés par les Tchèques. Une série que nous avions entamée avec la période antérieure au XIIIe siècle et qui nous a emmenés jusque vers le milieu du XIXe siècle. Une époque qui est marquée par le renouveau national dans les pays tchèques et même une atmosphère de révolution en Bohême. Différents événements historiques qui, comme nous allons une nouvelle fois le constater, ont eu également une influence certaine sur le choix des noms donnés...

Le XVIIIe et le XIXe siècles marquent un tournant dans l'histoire du peuple tchèque alors placé sous la domination des Habsbourg et de Vienne. C'est en effet à partir de ce moment-là que l'on voit apparaître un sursaut de conscience nationale, un processus que les historiens désignent comme « renouveau » ou « réveil national ». Concrètement, face à l'influence de la culture et de langue allemandes, il s'agissait alors d'élever le niveau de la langue tchèque et de créer une culture nationale. Une volonté d'émancipation qui prit peu à peu la forme de revendications politiques, mais aussi un fort sentiment national qui concourt à un autre renouveau, ou plutôt à un retour des noms d'origine slave qui sont alors même considérés comme des « noms nationaux ». Des prénoms qui se terminent le plus souvent en « -slav » comme pour Miroslav, Ladislav ou Stanislav, en « -mír » comme pour Vladimír, Jaromír ou Slavomír, et en « -mil » avec, par exemple, Bohumil, Vlastimil ou Čechomil. Mais d'autres prénoms sont également très appréciés comme Zdeněk, Zdeňka, Dalibor, Svatopluk, Vladivoj, Růžena, Božena, Věra, Vlasta ou encore Jarmila. Enfin, principalement parmi les personnes instruites, il était devenu plus ou moins d'usage de manifester son patriotisme en ajoutant un nom national au premier prénom chrétien. Des prénoms composés donc qui donnent alors, par exemple, František Ladislav.

Toutefois, il convient de préciser que même si ces prénoms nationaux ou patriotiques se répandent, ce sont néanmoins des prénoms traditionnels comme Josef - Joseph, Jan - Jean, František - François, Václav, Antonín - Antoine, et Karel - Charles qui restent les plus portés. Quant aux prénoms féminins, on retrouve le plus souvent des Marie, Anna, Kateřina - Catherine, Josefa - Joséphine, Antonie - Antoinette, ou Františka - Françoise.

Et il en reste ainsi à peu près jusqu'au milieu du XXe siècle. Conséquence des grands changements qui se produisent, 1945 et les années de l'après-guerre constituent alors un nouveau tournant dans l'évolution du répertoire des prénoms. L'influence de la religion chrétienne et de l'Eglise dans le choix des noms tend à disparaître, tandis que les différences sociales s'estompent, de même que l'influence du lieu de vie, selon que l'on habite en ville ou à la campagne, celle-ci étant toujours restée plus traditionnelle et moins sensible aux influences étrangères et extérieures.

Désormais, le choix du nom donné à l'enfant se fait selon d'autres critères et se retrouve notamment influencé par le phénomène de mode, mais aussi parfois par certains événements de l'actualité. C'est ainsi que certains prénoms redeviennent très appréciés comme Martin, Michal - Michel, Tomáš - Thomas, Jakub - Jacques, Ondřej - André, Markéta - Marguerite, Zuzana - Suzanne, Barbora - Barbe, ou Lucie. Des prénoms qui ne sont toutefois ni nouveaux ni récents puisqu'ils étaient déjà très populaires avant le XVIIIe siècle et l'arrivée du baroque.

En revanche, de nouveaux prénoms d'origine étrangère apparaissent, et ce tant d'origine slave avec, par exemple, Igor, Galina ou Soňa, que d'origine occidentale avec Monika, Renata - Renée, Iveta - Yvette, Ivona - Yvonne, Nikol, Andrea, Patrik ou René. Notons toutefois encore que ce phénomène de mode influence plus les noms féminins que masculins. Et une évolution qui nous fait arriver lentement mais sûrement vers la fin du XXe siècle...

C'est la fin de ce « Tchèque du bout de la langue » qui nous aura fait faire un bond de près de deux siècles dans l'histoire des prénoms portés par les Tchèques. Dès la semaine prochaine, nous achèverons donc ce voyage dans le temps. D'ici-là, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp!, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj!