L’Opéra d’Etat de Prague perd son indépendance
Le ministre de la Culture, Jiří Besser, a présenté à la presse sa décision sur la transformation de l’Opéra d’Etat de Prague. L’Opéra d’Etat sera donc associé au Théâtre national de Prague sur le plan économique ainsi que, partiellement, au niveau artistique. Cette décision est vivement contestée par l’ensemble des artistes de l’Opéra d’Etat.
Les intentions du ministre provoquent depuis quelques mois une vive réprobation des artistes de l’Opéra d’Etat qui ont protesté publiquement à plusieurs reprises contre la fusion de leur établissement avec le Théâtre national. Le projet est critiqué aussi par certains théâtrologues et hommes politiques. Ancien directeur de l’Opéra d’Etat, Radim Dolanský peut être considéré comme le porte-parole des opposants au projet. Il se déclare convaincu de l’utilité de l’existence de deux ensembles lyriques indépendants à Prague :
« Chaque ensemble doit avoir sa propre direction, qui défendra les intérêts de son ensemble et qui cherchera à améliorer son niveau artistique. Je ne crois pas que la direction que propose le ministre après la fusion des deux troupes pourra apporter quelque chose de positif. »En revanche, le ministre a trouvé un partisan de sa conception en la personne du directeur actuel du Théâtre national, Ondřej Černý, auquel il a confié aussi la direction de l’Opéra d’Etat. A l’instar du ministre, Ondřej Černý justifie la nouvelle conception par le souci d’améliorer le niveau artistique des deux institutions qui devraient, à son avis, unir leurs forces :
« En Tchéquie, nous avons parfois tendance à lutter contre nous-mêmes et à rivaliser entre nous. La chose essentielle qui naîtra de cette union est la synergie, la jonction, la concentration des forces et la création d’une maison représentative d’opéra et de ballet qui pourra se mesurer à l’Europe, aux établissements du même genre de Vienne, Dresde, Barcelone, Francfort, etc. Je ne pense pas qu’il faille rivaliser entre nous. »
Les mesures préparées par le ministre de la Culture devraient entrer en vigueur dès le début de l’année prochaine. Les programmes des deux théâtres pour la saison 2011-2012 seront conservés. Ce ne sera cependant que la première étape de la transformation des théâtres lyriques de Prague, transformation qui, selon Jiří Besser, ne s’achèvera qu’en 2015.