L’Orchestre National du Capitole de Toulouse : l’excellence française et russe à Prague

Tugan Sokhiev et l'Orchestre National du Capitole de Toulouse, photo: Marco Borggreve, Site officiel du Festival du Printemps de Prague

Ce mardi s’achève la 74ème édition du Festival du Printemps de Prague. C’est à l’Orchestre National du Capitole de Toulouse qu’il reviendra de clore la saison sous la baguette de Tugan Sokhiev, directeur musical russe de l’ONCT et du Bolchoï pour la première fois à Prague. Emmanuel Pahud et Renaud Capuçon, flûtiste et violoniste soliste français accompagneront l’orchestre.

Emmanuel Pahud,  photo: ČTK / Michal Krumphanzl
« La collaboration avec Tugan Sokhiev, qui a intégré la culture française suite à sa longue coopération avec l’orchestre de Toulouse, a permis d’exporter l’excellence de la tradition française et russe dans le monde entier. Les chœurs vibrants de l’Orchestre de Toulouse représentent sa signature. Certainement à cause du travail d’opéra fait au Capitole de Toulouse mais aussi grâce à la tradition et l’esprit du sud-ouest de la France où le chant est très important dans la musique, je pense que cette tradition est profondément ancrée dans l’âme de la musique française et russe. »

Emmanuel Pahud, flûtiste soliste a accompagné l’ONCT lundi soir avec un concerto de Jacques Ibert qu’il avait déjà interprété il y a trente ans dans la même salle Smetana à la maison municipale de Prague au début de sa carrière.

Contrairement à Emmanuel Pahud, Tugan Sokhiev, chef d’orchestre originaire d’Ossétie, dirigera l’Orchestre National du Capitole de Toulouse à Prague pour la première fois. Ce dernier revient sur son histoire d’amour avec l’orchestre :

Tugan Sokhiev,  photo: ČTK / Michal Krumphanzl
« Nous sommes allés partout en Europe et je ne sais pas pour quelle raison nous avons manqué Prague, un si grand festival et d’aussi belles traditions. D’ailleurs, c’est aussi ma première fois à Prague. Cela fait quinze ans que je travaille avec ce fantastique orchestre qui était déjà célèbre pour son répertoire français. Quand je suis arrivé en 2005, j’ai trouvé cet incroyable instrument avec une palette si riche de sons et de couleurs. Ce qui est important pour moi c’est que nous ne changeons pas les couleurs de la tradition française quel que soit le répertoire que nous explorons. La musique se créée grâce aux couleurs et c’est la plus grande qualité de cette orchestre. C’est pourquoi j’ai pu introduire de la musique russe qu’ils n’ont d’ailleurs jamais jouée auparavant. Nous avons appris beaucoup de chose ensemble et cela a été une époque heureuse de collaboration musicale pour moi. »

Selon vous, qu’est-ce que la musique classique française aurait à apprendre de la musique classique slave et inversement ?

Tugan Sokhiev et l'Orchestre National du Capitole de Toulouse,  photo: Marco Borggreve,  Site officiel du Festival du Printemps de Prague
« Je pense qu’il y a toujours beaucoup d’émotions dans la musique slave. Ce n’est pas uniquement la musique russe, c’est aussi la musique tchèque qui a ces racines slaves. C’est cette sorte de romantisme extraverti un peu plus fort que ce que nous avons l’habitude d’entendre dans la musique française qui, elle, est beaucoup plus transparente avec beaucoup d’impressionnisme. La musique russe, c’est de l’émotion. C’est ce que représente l’ONCT par ailleurs, les musiciens sont très expressifs. Chostakovitch, Tchaïkovski ou Prokofiev c’est aussi bien que Debussy ou Ravel. »

Récemment une start-up a créé un logiciel qui a terminé une symphonie de Dvořák, pensez-vous que l’intelligence artificielle puisse constituer le futur de la musique classique ?

« Je ne pense pas. La musique classique existe grâce à l’humanité, grâce à un humain, grâce à une personne qui l’a composée. Une machine, c’est quelque chose qui peut compter, qui peut compléter mais d’une manière très robotique et numérique. Mais l’âme ! La musique, c’est l’âme et une machine n’en a pas. »