MAGDALENA DOBROMILA RETTIGOVA

L'écrivain Magdalena Dobromila Rettigova était une femme d'esprit ouvert et innovateur. Cette grande patriote a, non seulement, considérablement influencé la littérature tchèque de la première moitié du 19ème siècle, suivant à l'époque un grand développement, mais également le style de vie et la façon de penser des femmes. Elle faisait des éloges de la littérature tchèque en divulgant l'importance de lire en cette langue. Rettigova agissait sur le plan humain. Pour cette raison, elle ajouta à son nom Magdalena le complément Dobromila - celle qui aime faire du bien.

Magdalena Dobromila est née Artmann, le 31 janvier 1785, dans la région de Beroun, près de Prague. Son père adoré, burgrave seigneurial au domaine du comte de Kounic, est décédé alors que Magdalena n'avait que sept ans. Peu après les obsèques, Magdalena a déménagé avec sa mère, à Prague, pour s'installer dans un appartement dont l'humidité nuisait fortement à la santé de sa mère. Ce fait les obligea à déménager à Pilsen, où Magdalena commença à fréquenter l'école primaire supérieure allemande, et était une très bonne élève. Après avoir terminé ses études, sa mère l'emmena à Prague, où Magdalena rendait souvent visite à sa tante, propriétaire d'une grande maison avec une bibliothèque grandiose. Magdalena se plongeait dans la lecture, dès qu'elle avait un peu de temps libre. A l'époque, elle ne lisait qu'en allemand. Elle n'a appris à lire et à écrire en tchèque, qu'ultérieurement. Magdalena était une jeune fille intellectuellement très mûre pour son âge. Ses réfléxions et ses pensées, qu'elle écrivait en prose et en vers, étaient notées dans un petit calepin qu'elle cachait minutieusement devant tout regard intrus. Contrairement aux filles de son âge, elle ne recherchait pas la compagnie des hommes. Elle trouvait leurs discours amoureux ennuyeux, ridicules, fatigants et savait se débarasser de ses admirateurs avec humour. D'ailleurs, elle a écrit à ce sujet une histoire très drôle, intitulée " La tantine en bois ", faisant partie de son premier recueil de récits publié. L'histoire parle d'une jeune fille harcelée par son admirateur. Ne sachant plus que faire, la jeune fille place, près de la fenêtre, une figurine en bois, faisant croire à son galant qu'il s'agit de sa tante, arrivée pour la surveiller. Lorsque le jeune homme apprend la vérité, il se fâche et ne veut plus revoir la jeune fille, au grand contentement de celle-ci.

A l'âge de dix neuf ans, Magdalena se lie d'amitié avec le philosophe, écrivain et auteur dramatique, Jan Alois Sudiprav Rettig. L'amitié devient un grand amour, et Magdalena l'épouse le jour de son vingt-troisième anniversaire.

En 1810, Rettig est nommé secrétaire, auprès de la municipalité de Tabor, petite ville, en Bohême du sud. L'ambiance austère, l'esprit étroit de la ville provinciale et l'hostilité des habitants retombent lourdement sur Magdalena. Le jeune couple est poursuivi par la malchance. Jan Rettig souffre d'une grave maladie oculaire, Magdalena enterre ses deux enfants, elle-même étant très malade. Plus tard, elle met tout de même au monde une fille et deux fils. Dans toute cette misère de l'existance, la littérature est son seul réconfort. Elle se met à publier des articles, dans les mêmes magazines patriotiques que son mari, tels que Cechoslav ou Milozor. M.D. Rettigova commence à se consacrer sérieusement à la littérature tchèque, sous l'influence de son mari et du médecin de famille, Frantisek Korab, patriote fervent. En 1820, elle écrit une proclamation encourageant les jeunes filles à lire. En cette même année, Rettigova publie sa première oeuvre, un recueil de récits intitulé Le panier de Marion, petit cadeau pour les jeunes filles tchèques. Elle dédicace son oeuvre à la comtesse de Kolowrat-Liebstein, qui l'encourage à écrire. En peu de temps, Rettigova publie un autre recueil, La couronne pour les jeunes filles patriotiques.

L'oeuvre qui a vraiment rendu Rettigova populaire et célèbre était le Livre de cuisine maison, parfois apelé Retitchka. C'était le premier livre de cuisine, rédigé en langue tchèque. De nos jours, les recettes sont pratiquement unitilisables. La méthode, les ingrédients, la façon de faire ne sont plus à la mode et sont loin d'être diététique. On utilise beaucoup de saindoux, de graisse, la viande doit reposer plusieurs jours, meme une semaine...Mais, c'est ainsi que l'on faisait la cuisine au 19ème siècle! Le livre de cuisineétait destiné aux femmes de toutes les couches sociales (maisons bourgeoises, châteaux, fermes...).

En 1830, son mari est muté dans la ville de Litomysl où le couple restent en définitive. Rettigova fonde, à Litomysl, une bourse dont le bénéfice servait à récompenser les jeunes filles travailleuses et apliquées pour qu'elles puissent continuer leurs études.

La position de M.D. Rettigova n'était pas simple, car elle devait faire face au conventionnalisme traditionnel, au philitinisme, à l'esprit vétilleux et les opinions racornies de la petite bourgeoisie et des petits industriels de l'époque.

M.D. Rettigova est décédée le 5 mars 1845 et est enterrée au cimetière de la ville de Litomysl. Elle repose dans une magnifique tombe que lui on fait construire les femmes et les jeunes filles de la ville, en 1875.