Marta Kubišová parmi les nouveaux citoyens d’honneur de Prague

Marta Kubišová

La chanteuse Marta Kubišová est devenue citoyenne d'honneur de la capitale tchèque. Elle a reçu cette distinction pour « sa contribution artistique à la culture tchèque et ses extraordinaires actes d'héroïsme personnel lors de l'invasion des troupes du Pacte de Varsovie en août 1968 et pendant la période de normalisation ». L'attribution de la citoyenneté d'honneur a été approuvée lundi par les conseillers municipaux de Prague. Avec cette grande dame qui fêtera ses 80 ans en novembre, le violoniste Václav Hudeček (1952) est également un nouveau citoyen d'honneur.

Marta Kubišová | Photo: Magický hlas rebelky/ČT

Les débuts de la carrière de chanteuse de Marta Kubišová sont liés à ses prestations au théâtre pragois Rokoko. Parmi ses premiers succès figure la  version tchèque de la chanson française « Un Ange est venu » de Jean-Gaston Renard, Loudá se půlměsíc. Au Rokoko, elle rencontre Václav Neckář et Helena Vondráčková, avec lesquels elle forme le trio Golden Kids.

Après l'occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie, sa chanson Prière pour Marta est devenue un symbole de résistance à l'occupation. À partir de février 1970, elle est interdite de spectacle en raison de ses prises de position, et le régime l'empêche également de trouver un emploi. Signataire de la Charte 77, elle en a été l'une de ses porte-parole.

Marta Kubišová - Modlitba pro Martu (1989)

Marta Kubišová est devenue l'un des visages de la révolution de Velours en 1989, lorsqu'elle a chanté Prière pour Marta sur la place Venceslas bondée de manifestants.

« Votre Prière pour Marta est devenue, grâce à vos prises de position et votre éthique, une chanson chargée de liberté pendant la révolution de Velours », a indiqué lundi le maire de Prague, Zdeněk Hřib.

Après la révolution, elle est revenue sur scène. Elle a mis fin à sa carrière il y a environ cinq ans et se consacre à la défense et aux soins des animaux de compagnie. Mme Kubišová est également titulaire de la médaille du mérite, de la médaille d'honneur T. G. Masaryk, de la médaille Saint-Venceslas et de la Légion d'honneur française.

Le virtuose du violon Václav Hudeček, âgé de soixante-neuf ans, a été récompensé pour ses mérites dans la diffusion de l'art musical tchèque et la renommée de Prague dans le monde. En 1967, il remporte le concours Concertino Praga pour jeunes artistes et, à l'âge de 15 ans, il se produit à Londres avec le Royal Philharmonic Orchestra. Au cours de sa carrière, M. Hudeček a également été soliste de l'Orchestre philharmonique tchécoslovaque. Il a également été le fondateur d’un festival de musique de Prague (Svátky hudby v Praze).

Milena Černá | Photo: Mojmir Churavy,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 4.0 DEED

Les conseillers municipaux ont également décidé de décerner une médaille d'argent aux médecins Milena Černá (1942) et Jitka Abrahámová (1943). Mme Černá a notamment travaillé à la clinique de dermato-vénéréologie de l'hôpital général universitaire (VFN) en tant qu'enseignante et a également donné des cours à la faculté de médecine générale de l'université Charles. Elle était signataire de la Charte 77 et membre du conseil d'administration de la Fondation Olga Havel.

Jitka Abrahámová | Photo: Petra Čechová,  ČRo

Mme Abrahámová, oncologue et professeur d'oncologie clinique a rejoint le service d'oncologie de l'hôpital Trutnov et, un an plus tard, elle s'est installée à Prague, à la clinique de radiologie de l'hôpital général universitaire. Après 25 ans, elle a commencé à travailler à l'hôpital Thomayer de Krč et est devenue en 2012 la directrice du département d'oncologie, qu'elle a fondé en 1992.

Prague honore ses illustres citoyens de plusieurs manières. La plus haute distinction personnelle accordée par la capitale est la citoyenneté d'honneur. Depuis 1990, la métropole l'a décerné entre autres à Jaroslav Foglar, Zdeněk Svěrák, Jiří Bělohlávek, Jiří Suchý, Dana Zátopková et Miloš Forman.

La citoyenneté d'honneur a en revanche été retirée fin mai au maréchal soviétique Ivan Koniev, à cause de son rôle actif de ce côté du rideau de fer, à Prague en 1968 mais aussi avant à Budapest et à Berlin.