Meda Mládková, 95e anniversaire de celle qui a découvert František Kupka
L’influent mécène Meda Mládková fête ses 95 ans ce lundi. A cette occasion, le musée Kampa organisait une journée portes ouvertes, permettant ainsi au public de s’émerveiller devant la collection d’œuvres de l’une des plus grandes admiratrices d’art en République tchèque. La semaine prochaine sortira également le livre intitulé « Ma merveilleuse vie », un ouvrage qui relate les péripéties de la vie de Meda Mládková, une vie digne d’un scénario de film.
« Je me souviens que lorsque je suis arrivée chez Kupka, un vieux monsieur est venu ouvrir la porte, et j’ai dit : ‘je suis Tchèque, étudiante en art, je suis exilée et j’aimerais beaucoup voir vos tableaux’. Il était très heureux, parce que personne ne lui rendait visite à cette époque, les Tchèques ne pouvaient pas et les Français s’en fichaient. Nous sommes montés dans son atelier et j’ai vu les tableaux… J’étais complètement folle! J’ai dit : ‘C’est formidable, c’est magnifique, c’est beau!’. Je voulais acheter un tableau, lui m’aurait donné tout son atelier tellement il était heureux ce pauvre Kupka, mais j’ai choisi et il me l’a laissé pour l’équivalent de 50 dollars, parce que madame Kupka l’avait décidé… »
Lorsque Meda Mládková achète, il y a plus d’un demi-siècle de cela, un des tableaux de Kupka, peu de monde imagine alors que ces mêmes tableaux seraient vendus à plusieurs millions de couronnes quelques décennies plus tard, et que Kupka deviendrait un des peintres « les plus chers » de l’histoire. Même si elle avait annoncé à Kupka sur son lit de mort qu’il aurait une grande exposition au Musée des Arts modernes, chose qui n’était pas vraie à l’époque, Meda Mládková a toujours fait son maximum pour tenir sa promesse. Car c’est bien à Meda Mládková que Kupka doit sa renommée internationale. Aujourd’hui, cette collection d’une valeur inestimable compte, entre autres, 215 de ses peintures, ce qui en fait la plus grande collection privée au monde de l’artiste abstractionniste.A la mort de son mari, deux mois avant la Révolution de velours en 1989, Meda Mládková, poussée par l’amour de son mari pour son pays, décide de transférer la collection d’art dans son pays natal, chose qui n’a pas été simple à l’époque.
« Vous savez, mon mari adorait son pays. Deux semaines après sa mort, j’ai enfin obtenu le visa, car cela m’avait été interdit auparavant. Une fois arrivée dans le pays, je suis allée voir Václav Havel, que je connaissais, et je lui ai dit que, conformément au souhait de mon mari, je voulais tout donner au pays. Alors les complications que cela a impliqué ! Donner quelque chose à Prague, mon Dieu ! »
C’est effectivement après de longs efforts que Meda Mládková acquiert le bâtiment détérioré des Sovovy Mlýny, qu’elle rénove et qu’elle transforme en musée Kampa sur l’île éponyme à Prague. Ouvert au grand public le 8 septembre 2002, le musée est désormais géré par la Fondation Jan et Meda Mládek. En 2011, Meda Mládková a fait don à la Fondation d’œuvres d’une valeur de plus de 100 millions de couronnes. Ainsi, malgré la nationalité américaine du mécène, toutes ces œuvres resteront la propriété de la République tchèque.Meda Mládková assure que le musée Kampa reste la réussite de sa vie, dans la mesure où il est important à ses yeux « de penser aux générations futures et à l’héritage qu’on lui lègue ». L’année dernière, le musée avait monté une exposition commune de trois artistes de renom, Gustav Klimt, Alfons Mucha et bien évidemment František Kupka, une exposition qui avait été organisée pour la dernière fois en 1900.